Le 5
décembre dernier, dans le journal Libération, Olivier Adam s’interrogeait sur une
mystérieuse « carte » que certains auraient (ou pas) et qui (quand on
l’a) ouvrirait toutes les bonnes portes. Une carte ? Une carte de type
visa, qui permettrait tous les retraits rêvés ? Ou une carte type
d’état-major, qui aiderait à ne pas trop s’égarer dans la forêt de la
culture ? Ou encore une carte style carte de presse ou passe-Beaubourg,
pour aller et venir en toute liberté ? Un coupe-file? Un menu du jour? Ce n’est pas très clair. Olivier
Adam a-t-il la carte Libération puisque les colonnes de ce journal lui sont
ouvertes ? On l’ignore. Le fait est qu’il la trouve un peu louche, cette
carte, un peu arbitraire, et surtout absurde. Elle serait en outre accordée par
on ne sait qui. Brrr.
Prenez Xavier Dolan. Adam a détesté son dernier film,
Mommy, mais ce film est encensé, donc ça veut dire que Dolan a la carte. Moi j’ai
adoré son dernier film (à Dolan, pas à Adam). Je dois avoir la carte ou du
moins savoir que Dolan l’a. En musique ? Même topo. Certains ont la carte.
On les adule alors qu’ils sont nuls. Oui, vous commencez à comprendre : la
carte est un passe, un passe-droit, un vrai passe-plat. Mais Adam est avant
tout écrivain. Va-t-il nous dire comment ça se passe au pays de la
littérature ? Eh bien oui et non. D’abord il nous prévient :
« Et je préfère ne pas parler de littérature. On penserait que je règle des comptes. Et puis les choses sont trop complexes. On peut avoir la carte auprès des libraires et pas des critiques. L’avoir auprès des deux et pas des jurés. Quant aux lecteurs, ils se fient tantôt aux uns tantôt aux autres, et parfois seulement à eux-mêmes. »
Tel Bartleby,
Adam préférerait ne pas, mais tel Monsieur Jourdain, il ne fait que ça à son insu.
Sauf que là je ne comprends rien à ce qu’il dit. Ça veut dire quoi avoir la
carte auprès des libraires ? Vendre beaucoup ? Etre apprécié ?
Suivi ? Lu ? En pile? En rayon? En commande? En rencontre devant cinq personnes? Et c’est quoi cette histoire de jurés ? Parce que, bon, ce n’est
pas une obligation les prix littéraires, que je sache. Et la carte des critiques ?
Ça veut dire quoi avoir la carte des critiques ? Quels critiques ? Des bonnes critiques? Beaucoup de critiques? Les bonnes critiques? Pourquoi Adam ne parle-t-il pas plutôt de la carte éditeur, ou de la carte diffuseur, voire de la carte distributeur? De la carte-tirage? De la carte mise-en-place? Et
pourquoi irait-on penser qu’Adam règle des comptes ? Il l’a ou il l’a pas,
la carte ?
Ensuite, Adam,
qui préfère ne pas parler de littérature, nous explique que côté rentrée
littéraire tout est joué très vite et à l’avance, un peloton de tête se dégage
dès la fin de l’été, qui ne bougera pas. Sauf exceptions. Genre, Salvayre a le
Goncourt (c’est bien). Genre, Reinhardt n’a rien (c’est mal, mais il faut dire
que Reinhard avait la carte des ventes mais pas celle des jurés). Qui lui a donné la carte à Reinhardt. "Tout le monde" nous dit Adam. Ah bon. Puis on la lui a retirée. Qui lui a retiré?
Je cherche en
vain un rapport entre le film de Dolan (qui contrairement à ce que dit Adam ne fait pas l’unanimité), le non-prix de Reinhardt, la surprise Salvayre. Et
comme Adam je m’interroge sur les mystérieux distributeurs de la carte magique, qui sont peut-être "tout le monde" ou "quelques-un", ce n'est pas très clair :
« Quelques-uns décident (Qui sont-ils ? Se sont-ils consultés ? Se réunissent-ils pour s’entendre ?) »
Mais qui ça, bon
sang ?! On veut des réponses!!! C’est une conspiration ou quoi ? Un lobby ? Des dieux ? Des entités? A
moins qu’Adam veuille juste pointer le fait que certains critiques ont pignon sur rue depuis longtemps et qu’il y a une tendance moutonnière dans le milieu
littéraire ? Que la culture est devenue un simple objet médiatique ? Que
toutes les exceptions du monde n’y changeront rien ? Parce que si c’est ça
la grande nouvelle, eh bien comment dire ? on était vaguement au courant. En
revanche, il y a une carte dont Olivier Adam oublie de parler, et c’est la carte du ressentiment. Mais je préfère ne pas parler de ressentiment.
On penserait que je règle des comptes. Et puis les choses sont trop complexes.
Qui c'est Olivier Adam ?... Il vend des livres ou il en écrit ?
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