vendredi 4 septembre 2009

Trois petits trous et puis s'en vont

Les rentrées littéraires ne sont pas ce qu'elles croient. On guette un crypto-Goncourt, on hume des futurs Balzac, serait-ce celui-ci ou bien celui-là? Cette pile va-t-elle tomber du fait de tel autre? Hier soir, une erreur de télécommande nous place devant les visages confits de modestie de Frédéric Beigbeder, Amélie Nothomb et un certain Sacha Sperling, intervouvoyés par un François Busnel plus en forme que jamais. Après quelques déclarations d'amour qui laissent à penser que l'argent ne résout pas tout dans ce bas monde, on a droit à cette désopilante question, dénuée de point d'interrogation, livrée par Monsieur Loyal à ces personnes alitées dans leur succès: "vous êtes partout". J'adore quand les médias invitent des gens pour constater qu'ils passent dans les médias. C'est un peu comme si je faisais refaire ma toiture et que, chaque matin, en voyant les couvreurs arriver, je leur disais, mi-étonné mi-admiratif: "Quoi? Encore vous?" On leur souhaite bien du retour. D'autant que leurs livres, d'après saint François, sont excellents, surtout celui de Frédéric, qui est un livre de maturité (sympa pour le jeune Sacha, 19 ans, ombre possible à notre Florian Zeller national). Frédéric acquiesce: oui, la maturité. Et l'on comprend que la maturité c'est quand on parle de l'enfance, juste avant de piger que si l'on parle aussi de drogues et de jeunesse dorée, alors c'est qu'on est – forcément – dans la ligne de coke de Bret Easton Ellis. Est-ce à dire que les écrits de Kersauson descendent de Melville? Un bonheur de télécommande nous propulse à temps dans l'élégance furieuse du film d'Audiard, De battre mon cœur s'est arrêté. Le cerveau se remet en branle, les phalanges craquent, le clavier crépite: Romain Duris joue du piano assis sans qu'on pense une seule seconde à Michel Berger.

4 commentaires:

  1. Merci, j'ai apprécié, jusqu'au choix de l'image!

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  2. Ah ben voilà le genre de papier qui commençait à manquer.
    Sérieusement manquer.

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  3. Vous parlez des gens qui ont du succès et de la visibilité. Et ben moi ça me troue qu'un écrivain comme vous (quand on lit vos traductions de Pynchon, on ne peut qu'avoir la mâchoire qui tombe d'admiration franchement!) aie aussi peu de commentaires sur son billet ! Punaise, j'ai laissé un commentaire sur le blog de Claro ! Vous allez vous marrer mais c'est aussi chouette qu'un autographe de base-ball pour Paul Auster !

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  4. J'allais le dire : tu nous as manqué, vous.

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