"Décidément, l'être est bouillie, bouillie tiède, il ne tient pas la route, un désastre l'habite et le trémousse qui l'empêche de coaguler. S'il durcit, il se fendille aussitôt, puis éclate, se répand, se disperse. Je n'ai quant à moi aucune envie de camper ad vitam et nauseam dans la tente de mon être, qui ferme mal, et par laquelle s'engouffre le vent – ah, le vent, qu'il soit du midi ou de la désolation, il s'engouffre, piaille – écoutez, il se rue dans la fragile quechua de l'ego, regardez, il en gifle les pans qui tremblent telles les parois d'une panse gavée de vide.
Quoi? Suis-je vide? Suis-je creux? Mais qui voudrait être plein, plein à craquer, de soi et des autres, d'humeurs et d'idées, ballonné d'autrui et d'espoirs à la manière d'une sainte en grès crevassé que visite sans cesse un nuage de touristes pestilentiels?
Je me suis toujours senti immensément troué, plus pertinent dans mes déchirures que dans mes coutures."
(Extrait de mon prochain livre, Hors du charnier natal,
à paraître aux éditions Inculte le 4 janvier 2017)
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