vendredi 13 mai 2016

Comme ravi, en extase et délivré de toutes pensées

"Regardez. La fumée s’évade de la valve de vos lèvres et s’en va souiller de son gris bleuté cet air dont vous aviez oublié la magie ; vos entrailles brassent un charbon au goût amer mais que vos sens imaginent tonique ; vos yeux ne sont plus que des obturateurs rayés par l’ennui. Il y a désormais, entre vous et la substance qui vous ronge, une complicité fondée sur un souci commun : combien de temps encore ? Quand la dose de votre être sera épuisée, où en refaire provision ? Suis-je épuisable ? En quel jour de la semaine puis-je me réincarner si en moi piétine l’affreux dimanche de l’inertie ? Vos doigts caressent l’arête de la table, avancent entre les débris de la veille, trouvent le shilom  : ça va aller."
(extrait d'un livre à paraître…)

7 commentaires:

  1. Je piaffe... comme un oiseau inquiet.

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  2. Dios ! Que c'est beau !

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  3. tout ça c'est très bien, mais je reviens à Miss McIntosh, my darling
    ... où en est-on ?

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  4. L'écriture au sens vrai, au sens fort, "littéralement et dans tous les sens", comme dans cet admirable fragment, comme on l'a toujours aimé chez toi, et encore plus depuis "Comment rester immobile quand on est en feu"!

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  5. Avec 24heures de retard : très heureux anniversaire Mister Claro <3
    And spare your spine !

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  6. "à la pointe de l'aiguille au coin de mes yeux" / "vos yeux ne sont que des obturateurs rayés par l'ennui".
    "En quel jour puis-je me réincarner si en moi piétine l'affreux dimanche de l'inertie ?" / "aujourd'hui, en ce vivace et absurde aujourd'hui".
    Merci Claro, pour la générosité du partage des textes.
    D.

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  7. Faut arrêter avec ces cœurs-smileys en forme de pine.

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