"Au nom de quoi pourrait-on refuser à quiconque le droit de préférer les traditions qui ont engendré une grande littérature à celles qui commandent les sociétés sans écriture?"
La formulation est pour le moins alambiquée et procède d'une affligeante enfilade. Remontons en saumon le courant de cette non-pensée : littérature (grande, of course) ::: engendrer :::: tradition :::: préférence ::::: droit ::::: refus :::::: au nom de quoi? Plouf plouf plouf. Diantre. Difficile de désemboîter la chose. On pourrait certes avancer une traduction: "Non mais putain ça crève les yeux que les volumes du Lagarde et Michard c'est quand même autre chose que les conneries zoulous." Mais ça serait sans doute un peu trop littéral.
En tout cas, le propos de Ferry assez astucieux. Et nous l'engageons à préférer en toute liberté la tradition qui a donné Balzac – en lui rappelant, toutefois, qu'il est difficile de réduire la tradition à cette seule réussite. Car, comment te dire, petit Luc, mais sans aller jusqu'à penser – faut pas exagérer –, tu pourrais peut-être, au nom de la réflexion, te refuser le droit de préférer la tradition qui a engendré des propos aussi débiles que les tiens? Parce que franchement, ça veut dire quoi? Tu penses vraiment que Guéant adule Chateaubriand et méprise la culture inuit? Que c'est ça qu'il a voulu dire avec ces gobineauteries affligeantes sur les civilisations?
On ne t'accusera pas de mauvaise foi. On ne t'accusera même pas. Mais avais-tu besoin, vraiment, d'invoquer la "grande littérature", cette chose fort vague dont tu représentes de toute façon l'évident antipode?
Heureusement que tu n'occupes pas un poste important. Quoique… Que dirais-tu du ministère de la Propagande? En attendant, nous te laissons te délecter de ta dernière gloire puisqu'il paraît que l'école du village de Ricarville en Seine-Maritime a pris ton nom pour en orner son sympathique fronton. C'est pas rien, dis donc, une société avec écriture…