Extrait de Omega Minor,
de Paul Verhaeghen
(translaté for the happy fous):
Im Anfang war die Tat – Au commencement était l’Acte.
Et pour conclure l’acte – ce duo ondulant si habilement mené sur le satin de la nuit la plus totale – un éclair jaillit vers le haut, une courbe aveuglante d’un blanc virginal, affranchie pendant un quart de seconde des lois de la gravité. Une guirlande écumante foudroie l’air printanier saturé de lune, une corde vibrant d’une énergie folle, puis un cri triomphal – et dans un bruit mat la bille d’albâtre retombe sur le ventre soyeux, rasé de près, bronzé et tendu. Dans le silence haletant qui succède à cet essai marqué, la chambre résonne du hurlement silencieux d’un demi milliard de bouches qui jamais ne furent : terrifiées, des cellules dotées de 23 chromosomes cinglent la peau stérile de leur queues minuscules. La main coupable arrache une nouvelle et puissante giclée à son pénis, plus sauvage encore que la première, et une langue compatissante s’abaisse, sa pointe frémissante s’enfonçant dans le bassin du nombril. Un fil gluant de perles relie la femme au Centre de l’Être de cet homme (son hara ? Hare Krishna ! D*** bleu argent de la vaine Création !) mais seulement un instant, car alors elle avale – elle boit ma semence, pense-t-il, elle VEUT ma semence, et cette pensée gonfle son cœur, non d’amour mais d’orgueil mal placé – puis ses lèvres se détachent de son lingam et elle laisse glisser au fond de sa gorge luisante l’ultime fruit de ses efforts. Et tandis que la bouche de l’homme demeure ouverte sur un cri de triomphe, les hordes gamétiques protestent en Todesangt, car leur pire cauchemar est devenue réalité : Dans l’estomac barbouillé de la femme, les membranes des cellules se fendent, les molécules se dissolvent, les fibres du Code se défont, et mettant à nu le Grand Plan, le secret de qui est Goldfarb ; les acides nucléique – adénine, cytosine, guanine et thymine se fondent en un chaos définitif ; leur alchimie à jamais perdue. Ici gît un homme, réjoui par le trépas d’une population mondiale.
Au commencement – beresheet – était l’Acte. Et l’acte fut stérile. Ça ne le rendit pas moins agréable. Ou moins important. Mystique, peut-être, voire magique, cet acte, mais certainement délirant.
– Cigarette ? Goldfarb ne songea pas une seconde à demander : « Etait-ce aussi agréable pour vous, madame, que ça l’était pour moi ? » Goldfarb n’a pas besoin de confirmation orale. Goldfarb observe le cosmos. En présence de Goldfarb, un corps féminin ne ment jamais. Les femmes de Goldfarb sont toujours satisfaites. Exact ?
– Cigarette ?La technologie est de notre côté. Nous pouvons utiliser la permanence du souvenir à notre avantage.
Nous remontons le temps, forçons l’horloge à ravaler ses propres chiffres. Nous choisissons le point de départ et nous repartons – lentement – de là. Souvenez-vous. C’est le printemps. Même si le sol est encore saupoudré de neige, les jonquilles devant le Gästehaus agitent leurs lourdes couronnes dans la lumière dorée de la lampe suspendue au-dessus de l’entrée. Le temps se rembobine au gré de la mémoire. La jeune femme ôte ses lèvres de la queue, un filet de liquide perlé coule de ses lèvres sur le ventre de l’homme, puis le flot est soudain aspiré par le gland enflé. Regardez-le se gonfler ; voyez comme elle renvoie la crémeuse moisson jusque dans ses testicules – et n’est-ce pas encore plus excitant de voir tout ça au ralenti ? Laissons à nouveau le temps suivre son cours : Admirez le gland violacé qui oscille rapidement sur sa lourde tige ; voyez comme il luit, enduit de salive et de fluides ; regardez le petit cratère à son sommet qui décoche ses traits zigzagants – et voilà que ça gicle, une girouette tourbillonnante, une comète ivre propulsée entre les astres, et dans l’humide et nébuleuse cavité de la chambre de Donatella un signal s’allume, un signal d’un blanc argenté, un cercle presque parfait que décrit le ruban de foutre descendant, un serpent qui essaie de se mordre la queue, mais la manque de peu – un ancien symbole grec, la lettre Oméga, en majuscule – Ω.
Pas encore lu Omega Minor, mais là, je crois que euh... je vais le faire avant la fin de l'année...
RépondreSupprimeroui, les happys fous s'excusent, ils n'attendront pas ta traduction pour plonger dans la bouillabaisse.
RépondreSupprimerUn entretien publié ce jour sur bookslut:
RépondreSupprimerhttp://www.bookslut.com/features/2007_11_011930.php
Si, si : je suis un happy fou qui attendra la traduction.
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