lundi 19 mars 2018

Anne Waldman dans le Maelstrom

La poésie américaine reste mal connue en France, à tel point que le lecteur, même curieux, pourrait avoir l'impression qu'il ne s'est rien publié d'important depuis Howl de Ginsberg (dont la traduction française aurait bien besoin d'être réimaginée, mais bon, les droits sont bloqués, oubliez…).

Pourtant, quelques éditeurs s'obstinent. En France, on signalera tout particulièrement les éditions Joca Seria et José Corti, mais aussi P.O.L (avec Reznikoff, Ashbery…) ainsi que le travail de quelques traducteurs au nez fin, comme Martin Richet, Vincent Broqua, Olivier Brossard, les écrivains Stéphane Bouquet et Jacques Roubaud, l'indispensable Marc Chénetier, et quelques autres, qui tous prolongent le travail de défrichage effectué entre autres par Pierre Leyris. Il faut également citer le collectif Double Change, qui "milite" pour que soit mieux connue et entendue la poésie américaine expérimentale. Mais dans l'ensemble, ces voix essentielles sont peu diffusées dans la stratosphère éditoriale. 

Pour ne citer qu'un exemple: Anne Waldman. C'est sans doute l'une des plus importantes poétesses contemporaines, avec C.D. Wright (décédée il y a deux ans), Alice Notley (auteur du magique The Descent of Alette) et Eleni Sikelianos (publiée par Joca Seria, Actes Sud et Grèges). Et pourtant, pas facile de trouver Waldman en traduction en France, hormis un titre aux éditions Joca Seria, Archives pour un monde menacé (traduction Vincent Broqua).

Raison de plus pour vous parler de MaelstromRévolution, une structure belge née en 1990, au départ un groupe d'artistes et d'écrivains, devenue en 2003 une maison d'édition. Chez eux, vous trouverez deux courts titres (qui plus est, en bilingue) d'Anne Waldman: Crépusculaire, traduit par Vincent Broqua et Surf sur une marée d'étrangeté, traduit par Marianne Costa, respectivement 3€ et 5€. Ainsi qu'un recueil plus vaste, Fast Speaking Woman, qui vous donnera la mesure de l'ampleur de cette poétesse/performeuse – qui a écrit ses "Cantos" avec sa magnifique Iovis Trilogy, monumentale épopée féministe parue en 2011 chez Coffee House Press. MaelstromRévolution publie également des textes d'auteurs francophones, comme Antoine Boute (dont je vous parle régulièrement), mais aussi Vincent Tholomé, David Besschops, Tom Buron, Laurence Vielle, etc. Bref, des gens dont on parle peu dans la presse littéraire (la presse quoi?).

Je laisse le mot de la fin à Anne Waldman:

"Code ton langage et fuis. / Ils ne te trouveront pas. / Je les ai inventés. / J'ai inventé les mots, et je peux les cacher. / Ils ne te trouveront pas. / Cachée par le crépuscule. / Un crépuscule sensuel. / Dans toutes les langues." (in, Crépusculaire).



3 commentaires:

  1. On peut citer aussi le travail d'Auxeméry (Olson, Rachel Blau du Plessis, Tarn) et de Yves di Manno (Pound, William Carlos Williams, Rothenberg).

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  2. Merci et bravo aux indispensables éditions Maelstrom. La collection de poésie américaine " To" des PURH --Presses universitaires de Rouen et du Havre-- donne aussi à lire ces poètes américains contemporains et nécessaires, dont Alice Notley mentionnée dans votre article : Amy Hollowell, Lee Ann Brown, Carla Harryman, Norman Fischer, Jerome Rothenberg, Laynie Browne, entre autres, traduits notamment par Christophe Lamiot Enos, Anne Talvaz, Stéphane Bouquet, Emmanuel Moses, Martin Richet, Anne-Laure Tissut, Sabine Huynh (qui a aussi publié un livre sur Allen Ginsberg chez Maelstrom), Jennifer K. Dick...

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  3. Ah ! Si fort, si beau l'extrait que vous nous avez partagé.

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