vendredi 18 février 2011

Chien de Goncourt


Le prix Goncourt 2020 ne fut pas le plus glorieux de son histoire mais ce ne fut pas non plus le plus honteux ; il ne récompensa pas un auteur particulièrement doué de ses dix doigts et de son cervelet mais ne consacra pas non plus une crapule littéraire si tant est que cette engeance existe encore; il ne fut pas décerné au meilleur moment même s’il aurait pu être remis en des temps moins cléments ; son attribution ne souleva guère d’indignation quoiqu’elle fît, ici et là, quelques vagues de bile qu’il fallut ravaler d’un sec mouvement de glotte ; son retentissement s’étendit au-delà des cercles concernés, certes, mais nous ne dirons pas, non, nous ne dirons pas qu’il alla jusqu’à rayonner outre la fange habituelle ; certains y virent un camouflet – qui est une forme constipée de gifle, une sorte de gant virtuel – jeté à la face d’une littérature dont les plus grandes victoires se chiffraient en chiffres et les plus notables audaces en notables, tandis que d’autres louèrent sa clairvoyance et son sens historique de la repartie ; les jurés, au nombre de sept, se félicitèrent de leur sagesse auto-rémunérée et convinrent, oui, convinrent que si ce n’était pas Dante, ni Flaubert, le lauréat, grrrr, s’en sortait plutôt bien en comparaison de ses prédécesseurs qui tous, ouaf ouaf!, croupissaient désormais dans une honte que rien, ou si peu de dîners en ville, ne laverait jamais ; les jurés, convient-il d’ajouter, étaient eux-mêmes des écrivains, et ce à plus d’un titre ou castelet ; ils savaient de quoi il retournait et qu’il était bon de l’y renvoyer séance tenante ; coiffé de ses lauriers, hyper photographié par une presse que plus aucune laisse ne retenait, pavanant sous les caméras de surveillance de la Haute Instance de Cullturre intermitente [sic], le vainqueur du prix Goncourt 2020 en profita pour cracher, sbreuuuuhh-rff, sur le milieu qui l’avait hissé à un tel parnasse et n’hésita pas, mouaahhhh, à conspuer ses prétendus pairs ; on ne l’admira que plus ; et ne négligeons pas, yap yap, le fait que l’ouvrage pour lequel il avait été sacré Littérateur-Lauréat s’était déjà vendu à des milliards et des milliards de croquettes d’exemplaires, grâce à de médiatiques bassesses qu’on aurait tort de stigmatiser à outrance puisqu’elles furent aussi spontanées que sournoises ; ne négligeons pas non plus le fait que le livre qui lui valut, srrrrr, chronc, une telle palme dans la gueule et vlan et vlan, que ce livre, dont le titre, imprononçable au demeurant, était composé d’une infinité de mots, que dis-je, de vocables relevant certainement davantage du commerce péricliteux des abats que de la forgerie des bijoux ciselés, ouhm ouhm ; oui, le prix Goncourt 2020, à la différence du prix Goncourt 2019 qui ne fut attribué à personne ou si peu, ainsi qu’à la différence du prix Goncourt 2021, dont ne voulut pas le pourtant méritant bénéficiaire, décerné une fois de trop au McDonald’s de la rue Soufflot, fut, huuuu, attribué à un chien (plus précisément : un carlin).

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