On a vu le nouveau Desplechin – Un conte de Noël –, qui loin d'être l'enfer névrotique œdipien qu'on pourrait croire (quel sale petit secret?), est une formidable déflagration d'événements dissidents, un fagot de lignes de fuite où chaque identité se cherche une faille, non à cultiver, mais à emprunter, pour dévamper – montage plus que malin, iconoclaste par endroits (fuck the faux raccords), lumière retenue, dialogues écrits et assumés comme tels, affects tordus et rires à contretemps, acteurs vaudou, une virtuosité venue des corps et y retournant… aucune chance de décrocher la Palme près de Nice, donc, bien trop couillu pour un certain aréopage épris de néo-réalisme (Sean Penn ayant annoncé la couleur en déclarant que le séisme en Chine conditionnerait ses choix esthétiques… heureusement qu'il n'y a pas eu d'inondation en Inde…). A part ça, ma traduction du Golden Gate de Vikram Seth (ce roman écrit en vers: 594 sonnets, soit en vf 8316 alexandrins, merci je sais compter) ne sortira ni en septembre ni chez Grasset, l'auteur ayant décidé que l'ovni avait sa place chez Albin Michel, éditeur de son précédent opus, Deux Vies. Donc, pour l'instant, pas de date prévue. En revanche, le décapant Décomposition, que j'ai traduit pour le Masque (qui jubile), vient de sortir de l'imprimerie et sera en librairie le 20 août: l'outsider qui tue, on peut dorzédéjadorénavan ainsi l'appeler. C'est signé J Eric Miller (pas de . après le J, et le J avant l'Eric, svp!) et comme on l'a dit ici c'est un conte de fées au pays de la mort qui vient, une traversée du continent désolé, la Mustang chauffée à bloc, son coffre hanté par un prince plus trop charmant. Même Fabrice Colin va aimer, c'est pour vous dire. Ah, j'oubliais: Pynchon. Contre-Jour. On entame la dernière ligne droite. La mort dans l'âme. On en aurait bien traduit encore trois mille feuillets, même si on va tranquillement vers les 2150 feuillets, ce qui une fois mis en page devrait nous donner du 1250 pages en Fiction & Cie. La jaquette ici, bientôt, genre mi-juin (des ballons pleins la gueule…). En attendant, le clavier va chauffer pour tenir les délais. Pleure, Stakhanov… Côté Viken Berberian, l'épatant Das Kapital est bouclé, mais là, patience, faudra attendre janvier 09. Le Poor People de l'ami Vollmann devrait pas tarder à arriver sur mon bureau sous forme d'épreuves. On va donc pouvoir s'attaquer fervemment à la traduction du déjà mythique Omega Minor… et enfin bosser d'arrache-pied sur ce foutu projet de Livre Vain, already-3-years-in-the-making, et qui va en prendre sûrement autant, sinon plus. Quant à Logomachine (ex-Coulée Douce et Tranché Vif), il fera, a priori, l'objet d'une mise en voix radiophonique sur France Culture – pour la version papier, on a donc le temps… Le Bolaño piaffe toujours sur la table de chevet, à côté du dernier Theroux: ça sera pour l'été, ces pavés, à l'abri du sable. Et on guette déjà le nouveau Minard chez LaureLi, entre autres joyeusetés de rentrée. En attendant les prochaines bombes des éditions Désordres, qui grâce à la pugnacité de Laurence Viallet, vont incessamment renaître de leurs cendres toujours incandescentes. Ah, oui, il paraît qu'il y a un nouveau Angot qui sort. Mais on sait pas encore qui le lira. C'est ça aussi, la vie des livres.
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