mardi 6 mai 2008

Le Golden Gate (extrait)








11.5

Phil vient de renverser la moitié de sa flûte
Sur Joan Lamont, alors qu’il racontait, hilare,
l’issue de son procès, après d’intenses luttes :
« On aurait dit un véritable traquenard !

Le juge s’est changé en grand inquisiteur,
devenant notre principal accusateur,
battant en brèche nos moindres arguments. Untel
Ne tenait pas la route ! Un autre était trop frêle !

Quant à la doctrine de la nécessité,
Elle était pour lui sans le moindre fondement !
Et voilà cet immonde crapaud purulent,

Ce monarque bouffi, aux idées arrêtées,
A deux doigts de nous renvoyer tous en prison… »,
Il renverse à nouveau, dans son excitation,


11.6

du champagne sur ceux qui ont formé un cercle
autour de lui. « Oh, désolé… Pardon, Erlys…
Franchement, dès qu’on soulève un peu le couvercle
et qu’on se penche sur le cas de la justice !…

Reprenons du gâteau… ah, tiens, voilà maman… »
Un peu ivre, il se tourne vers elle et lui tend
Les bras, mais elle le fusille du regard
Et le repousse sèchement. « Pas de bobard !

Si jamais Paul se plaint à moi de cette femme,
je prendrai je premier avions… Tu verras bien !
Tu n’es qu’un pauvre idiot, Philipp. Je ne veux rien

Avoir à faire avec ta Liz. Si Paul réclame… »
Mais déjà on se moque : « Ollé, la señora
a un coup dans le nez ! C’est du soap opera ! »

(Vikram Seth, Le Golden Gate, trad. Claro, à paraître…)

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