On se demande parfois à quoi riment les morts. A peine disparu, voilà que Jean d'Ormesson sert de podium-paillasson à Nicolas Sarkozy qui, profitant de l'aubaine d'un d'hommage à chaud, se goberge de ce que l'écrivain académicien,
"grand ami des femmes, n'a pas hésité à s'insurger contre cette idée folle qui consistait à vouloir charcuter le Français [sic] sous prétexte d'égalitarisme et il aura livré son dernier combat en défendant la langue de Molière contre la revanche des Précieuses Ridicules."
En quelques lignes, le blougiboulga se déchaîne: défense contre revanche, insurrection contre folie, combat contre charcuterie, Molière contre ses propres personnages… Et la langue confondue avec le citoyen par voie de "capitalisation". Mais surtout, ces quelques lignes prouvent une fois de plus, si besoin est, l'incurie du petit Nicolas. Car il semble confondre, dans un même mépris, "précieuses ridicules" et "femmes savantes". En effet, dans la pièce de Molière à laquelle fait allusion ce lecteur distrait du Lagarde et Michard qu'est Sarkozy, les "précieuses" sont avant tout des pédantes qui rêvent d'idylles galantes, et ne veulent pas entendre parler des petits maîtres que cherche à leur refourguer leur père. On sent bien que Sarko pensait aux "femmes savantes", mais là encore la référence aurait été aussi peu pertinente, et surtout trop risquée.
Bref, à vouloir étaler la molle gelée de sa culture, l'ami de Kadhafi fait à son insu assaut de pédanterie. Et maintenant que son ami chanteur célèbre est mort lui aussi, on se demande ce qu'il va bien pouvoir nous sortir? On attend avec impatience son analyse du fameux "Quand c'est moi qui dis non / Quand c'est toi qui dis oui"…
le seul truc qui me dérange dans votre billet, c'est "le petit Nicolas" qui pour moi restera toujours l'indétrônable personnage des livres de Sempé et Goscinny... et uniquement lui :-)
RépondreSupprimerje préfère ce commentaire, que j'ai posté ce matin sur le site de Charybde
RépondreSupprimeril faut réécouter la chanson de Jean Ferrat "un air de liberté"
Ah monsieur d’Ormesson
Vous osez déclarer
Qu’un air de liberté
Flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s’appelle Ville Ho-Chi-Minh
le poète a toujours raison
sauf qu'une oppression chasse l'autre
C'est qui Nicola Sarcosi ?
RépondreSupprimerMerci !
RépondreSupprimerRions un peu avec le réquisitoire de Pierre Desproges, au tribunal des flagrants délires, sur Jean d’Ormesson (1982). Ça nous changera des panégyriques qu'on lit ici ou là :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?time_continue=412&v=uygPt_7XiS0