Vendredi dernier, dans un post consacré à la traductrice américaine de La Mort de Virgile, Jean Starr Untermeyer, j'écrivais à propos de ce roman qu'il avait été "commencé en 1938 alors qu'il [Broch] était en camp de concentration". J'avais repris l'info figurant sur la page Wikipedia américaine consacrée à The Death of Virgil ("Broch started to write the novel in 1938 while imprisoned in a concentration camp"), info qu'on peut d'ailleurs retrouver verbatim sur de nombreuses autres pages consacrées à Broch. N'ayant pas sous la main une bio sérieuse de Broch, je m'en étais, donc, négligemment, contenté.
Bon, il y aurait long à dire sur la notion et la définition de "camp de concentration", mais on peut néanmoins revenir sur ce point particulier. C'est en l'occurrence Vincent Ferré, spécialiste du roman de la première moitié du xxe siècle (Marcel Proust, Hermann Broch, John Dos Passos), qui a attiré mon attention sur cet épisode de la vie de Broch: selon lui, Broch n'aurait pas été interné à proprement parler dans un "camp de concentration".
Vincent Ferré a eu ensuite la prévenance de se renseigner plus avant et m'a récemment communiqué les précisions que voici, fournies par une amie à lui, Djehanne Gani, docteure en études germaniques, auteure de la thèse "Hermann Broch (1881-1951), penseur du dialogue et de l'altérité" (Strasbourg, nov. 2013) :
"Broch a été emprisonné et non en camp de concentration (en mars 1938, 3 semaines en Styrie, Altaussee). Sa détention a été qualifiée de 'confortable' et peut être ainsi qualifiée au vu de ce qu'elle aurait pu être à Vienne (cf. biographie de Lützeler, chapitre "Haftzeit und Flucht-März-Juli 1938, p. 219, p. 220). Il est libéré grâce à un homme, un responsable du secteur, et non des amis. Il obtient en revanche des visas grâce à ses amis, il est vrai, et quitte l'Autriche fin juillet pour Londres avant de rejoindre les Etats-Unis."
Merci à Vincent Ferré et son amie spécialiste, donc, de m'avoir permis d'apporter cette rectification. Comme quoi, un peu de "virgilance"…
A partir de vendredi, du 10 au 19 octobre, le Clavier Cannibale émettra depuis Varsovie, à l'occasion du Festival international du film. Là-bas, en revanche, pas de doute: a ghetto was a ghetto was a ghetto. Dzień dobry !
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Illustration: © Yann Legendre; source: ici.
merci Claro, mais tout le mérite en revient à Djehanne Gani, docteure en études germaniques, auteure de la thèse "Hermann broch (1881-1951), penseur du dialogue et de l'altérité" (Strasbourg, nov. 2013). Il est vrai que beaucoup de confusion entoure parfois la captivité de Broch - on a pu dire, par ex, que Joyce est intervenu lui-même pour sa libération ! cordialement & encore merci pour le texte sur J.Untermeyer.
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