Frédéric Beigbeder n’a pas aimé le dernier
roman de Thomas Pynchon, Fonds perdus
(au moins est-on sûr et certain de ne jamais avoir l’avis du second sur les œuvres du premier…) et
nous fait part de ses lumières critiques dans les colonnes plus que jamais doriques du Figaro. Comme tout ce qu’écrit l’auteur
de Fenêtres sur le monde, c’est à la
fois comique et édifiant.
On apprend dans un premier temps
que Pynchon publie « beaucoup trop ». Arf. C’est vrai que 8 livres en 50 ans (pour Pynchon)
c’est colossal à côté de l’auteur de 98, 50
francs (eh oui, tout se dévalue) avec ses 16 livres, 12 préfaces et 5 scénarios en 24 ans. Mais bon, les maths, hein… Comme le précise très lucidement Beigbeder dans la foulée :
« Il faut savoir se taire, surtout quand on n’a plus rien à dire. »
Hum. Je suppose qu’il ne sert à rien d’essayer d’expliquer à l’auteur de Congés dans le cirage que Pynchon n’a
"rien à dire" depuis le début, puisqu’au lieu de « dire », il a choisi
« d’écrire ». Et que écrire c'est justement ne pas dire. Ce doit être pour certains une nuance, un peu comme la différence entre noir et blanc. Mais reconnaissons que ce « il faut savoir se taire », sous la
plume de FB, est intriguant. Ce doit être de
l’ironie, en fait.
Seconde critique : Pynchon
cherche à inclure dans ses romans tout ce qu’il voit à la télé. Bizarre… De la
part de Beigbeder, chouchou du PAF, on s’attendrait à ce qu’il s’agisse d’un compliment… Mais passons, ou plutôt zappons. Enième sujet d’agacement : le
côté « intello » de Pynchon, qui donne à son lecteur l’impression
d’être un cancre. Soyons sérieux : Beigbeder a-t-il vraiment besoin de
Pynchon pour éprouver ce sentiment ? Ne lui suffit-il pas de se relire? Heureusement,
notre critique a trouvé dans Fonds perdus
une phrase pas trop compliquée qu’il pige tout de suite, et il s’exprime
aussitôt (mais, hélas, prématurément) :
« Miracle ! Pynchon serait-il enfin accessible ? »
La réponse est vite : non. Comme
ce mot – accessible – est délicieux.
Pourtant, l’auteur de Pardon, au secours
est bien obligé d’admettre que « à monde compliqué, roman
compliqué ». Ce qu’il y a de bien, avec Beigbeder, c’est qu’on en revient
à toujours à cette dichotomie quasi populiste : facile/difficile ;
accessible/inaccessible… L’attrape-cœur
contre L’arc en ciel de la gravité !
Bon sang mais c’est bien sûr ! Le zéro contre l’infini. Le gant de
base-ball de Holden Caufield contre la banane de Pirate Prentice. Du coup, je suppose que, à monde simple,
roman simple… Ce qui explique pas mal de choses, certes. Oh que oui.
Mais ce qui agace définitivement
le critique du Figaro, c’est qu’il
existe un « culte » autour de Pynchon (alors que le culte autour de
Salinger ne l’énerve pas, loin de là), c’est le fait que tout le monde dans la
presse « se prosterne à ses pieds », alors que le type non seulement n'est pas médiatique mais en outre complexe. "C'est trop inzuste", comme dit Caliméro.
Allons, Frédéric, rassure-toi,
l’unanimité n’est pas si grande que ça autour de cet auteur archi prolixe, ses
ventes ne sont pas si délirantes que ça, il a même été longtemps ignoré du
lectorat et toutes ces rumeurs comme quoi il serait nobélisable sont à mon avis
de l’intox. Une dernière chose : ton article est intitulé « La
malédiction Pynchon ». Tu devrais peut-être le publier dans le Gorafi ?
A un moment c'est carrément rageant, ça trahit la réaction limite violente de caliméro qu'a pas envie de bouger un neurone, la bêtise militante du Curé de la Soupe. Rien que pour la langue, et le truc carrément vivifiant qu'en fait N. Richard, le bouquin est du tonnerre. Perso, j'en ai rêvé hier soir: en gros, la porte de la cuisine essayait de me buter avec un genre de clou à ressort, empoisonné bien sûr, alors on s'est mis à retourner la baraque en cherchant les micros sous les prises. ça s'appelle une putain d'expérience littéraire.
RépondreSupprimerMais Pynchon est Salinger voyons : Beigbeder ne le savait pas ?
RépondreSupprimerAllez, en 2020, le Figaro demandera à Nabilla son avis sur le dernier William T. Vollmann.
Je n'arrive pas à trouver l'article en question sur le net...un petit lien ?
RépondreSupprimerMerci. L'article est encore plus affligeant que la satire... !
SupprimerA la lecture de l'article, ma meilleure hypothèse est que Beigbeder n'a pas vraiment lu le bouquin (ou alors vite fait, en diagonal). Franchement, si ce n'est certes pas un roman aussi facile que du Marc Levy, c'est très loin du "cyber"-cauchemar que Beigbeder prétend décrire. D'ailleurs, en y songeant bien, je me dis que Beigbeder n'a probablement pas fini un seul livre de Pynchon.
SupprimerPour filer la métaphore base-balliène, you're out of your league, FB.
RépondreSupprimerFB ne ferait même pas un bon troisième rôle chez Pynchon. Ou peut-être que si, justement.
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