J'ai un petit faible pour la littérature de gare, et en particulier pour celle qui a précédé le Corail et le TGV. Je veux parler de certaines collections de poche délicieusement douteuses des années 70. (Le festival Lire en Poche devrait d'ailleurs leur consacrer un jour une table ronde ou un café littéraire.)
Aujourd'hui, nous nous concentrerons sur la série des "Cherry O", de l'auteur américain Glen Chase, parue chez un éditeur intitulé "Edition et publications premières". C'était traduit par Jean Guiod et les couvertures étaient dues à Yves Boujenah. Quelques titres pour vous allécher: Maffia vous fillettes ; Cherry O chez Mao ; Capot d'anglaise; Le sexe à Piles; L'arme à l'œil; Tant qu'il y aura des zooms; Touche pas à la femme blanche; Le saphir du bois de Boulogne; L'enfer vaut l'endroit; Gratte-ciel mon mari…
Bon, ce sont les titres français, hein, pas ceux d'origine. Gratte-ciel mon mari, par exemple, c'était au départ Moonlight Machine. Faut ce qu'il faut. On a eu droit à au moins trente-sept titres. Qui donc est Cherry O? C'est très simple: Elle est rousse, elle est explosive. Elle appartient au S.P.A.S.M. (Service Spécial Anti-Stupéfiant Anti-Maffia) et seule , elle se bat contre la maffia ! Cherry O est K-non et s'en sert de façon explosive, pour dire les choses comme elles sont. En gros c'est dans la même veine que la série des OSSEX. Mais ce qui nous intéresse, ce sont les postérieurs de ces livres.
On est en 74, je le rappelle, et l'édition de gare a déjà vingt ans de San Antiono derrière elle. Du coup, ça donne des choses comme ça, accrochez-vous:
"Comme disait Hitler: 'My Tailor is Reich!' Cette fois, il s'agissait de confectionner des dollars sur mesure afin de vider les bourses de ce pauvre Oncle Sam. Trente ans plus tard, si le vieux Fuhrer ne fait plus recette [LOL – note du bloggeur], ses planches à billet existent toujours. La Maffia voudrait bien s'en emparer et monter faire quelques passes à l'Hôtel de la Monnaie. Ma mission, empêcher ces affreux de faire sauter la banque et, par la même occasion, de sauter la banquière."
Mais une des plus vermotienne est sans doute celle-ci, typique du charabia-slang en roue libre:
"Moi, dans cette nouvelle guerre de religion, je faisais la bonzesse. Le résultat du match Vatican-Gourou n'était pas dans la poche, mais l'Echevin de Katmandou menait à Rome. Ma mission: couper le sifflet à ce chef d'hagards qui allait bon train et rêvait de crier: 'Haré-Krishna, tout le monde descend!' Le temps de me demander Shiva-t-y, Shiva-t-y-pas, et les Dons se sont mis à tomber du ciel. Martiale, j'ai dû distribuer quelques dragées aux Parrains. Et quand ils ont demandé grâce, je me suis écriée [sic], magnanime: 'Ça ira pour celle fois, mais Nirvanâ pas!'"
J'aime particulièrement le "d'hagards" ainsi que la présence du mot "échevin". Concernant "my tailor is Reich", je reste dubitatif. Ce qui est sûr, c'est que "nirvanâ pas" m'en bouche un coin. Bon, j'arrête. On est mardi et ça ne fait que commencer.
Plus que posséder votre bibliothèque j'aimerais y fouiner fourrager feuilleter comme y dîner avec vous de mots sages arrogants ou à défroquer défraiser décapillariser mais il y a cette désolante voir dépoilante différence entre aimer un homme et être aimée de cet homme.
RépondreSupprimer(c'était pas moi, hein)
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