Le 14 février n'est pas que la fête des amoureux (puissent-ils vivre longtemps et forniquer en toute liberté, à poils ou pas). Non, le 14 février, c'est surtout le jour, de sinistre mémoire, où fut lancée la fatwa contre l'écrivain Salman Rushdie. C'était en 1989, l'année de la chute du mur, du naufrage de l'Exxon Valdes, de la mort de Hirohito et de Beckett.
Ce jour-là, donc, l'exécution de Salman Rushdie – ni plus ni moins – était exigée sur Radio Téhéran par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, guide de la révolution de l’Iran. Une fatwa, on le sait, est en principe un "avis juridique", mais elle devint de facto un appel au meurtre. Assorti d'une prime, une prime qui est passée en 2012 à 3,3 millions de dollars, soit une augmentation de 500 000 $ – dixit Hassan Sanei, le dirigeant de la fondation qui offre la prime en question. On est loin du pays des bisous, même si saint Valentin, ne l'oublions pas, fut roué de coups et décapité…
Rappelons également que la fatwa ne peut être abrogée et qu'elle concerne également les éditeurs et traducteurs de Rushdie – son traducteur japonais a été assassiné, son traducteur italien et son éditeur norvégien grièvement blessés. Je me souviens avoir croisé Rushdie lors de la parution en France de Furie, que j'avais traduit pour les éditions Plon. C'était après le 11 Septembre. Je lui ai demandé s'il se sentait toujours aussi menacé, et il m'a dit: "Un peu moins, dans la mesure où maintenant nous sommes tous sur leur liste." Puis il m'a parlé de Pynchon, avec qui il avait dîné. On trouve dans Les Versets sataniques la phrase suivante : "Quand la superstition entre par la porte, le bon sens se sauve par la fenêtre." Plus que jamais, évitez les courants d'air.
Ce jour-là, donc, l'exécution de Salman Rushdie – ni plus ni moins – était exigée sur Radio Téhéran par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, guide de la révolution de l’Iran. Une fatwa, on le sait, est en principe un "avis juridique", mais elle devint de facto un appel au meurtre. Assorti d'une prime, une prime qui est passée en 2012 à 3,3 millions de dollars, soit une augmentation de 500 000 $ – dixit Hassan Sanei, le dirigeant de la fondation qui offre la prime en question. On est loin du pays des bisous, même si saint Valentin, ne l'oublions pas, fut roué de coups et décapité…
Rappelons également que la fatwa ne peut être abrogée et qu'elle concerne également les éditeurs et traducteurs de Rushdie – son traducteur japonais a été assassiné, son traducteur italien et son éditeur norvégien grièvement blessés. Je me souviens avoir croisé Rushdie lors de la parution en France de Furie, que j'avais traduit pour les éditions Plon. C'était après le 11 Septembre. Je lui ai demandé s'il se sentait toujours aussi menacé, et il m'a dit: "Un peu moins, dans la mesure où maintenant nous sommes tous sur leur liste." Puis il m'a parlé de Pynchon, avec qui il avait dîné. On trouve dans Les Versets sataniques la phrase suivante : "Quand la superstition entre par la porte, le bon sens se sauve par la fenêtre." Plus que jamais, évitez les courants d'air.
Curieux tout de même que ce roman extrêmement ardu ait suscité la haine de ceux qui ne l'avaient pas lu. Les Versets sataniques sont un texte complexe, difficile même pour les grands lecteurs, habitués aux charivari joyciens. Que Khomeini en ait lu une ligne, voilà qui est plus qu'improbable.
RépondreSupprimerA moins que la fatwah comme souvent ait été lancé en parfaite ignorance de cause...