Le Enième salon du livre va ouvrir ses portes et certains se demandent peut-être à quoi bon. La réponse est simple et bifide. Il y a le côté, disons, négatif: pas le droit de fumer, des sandwiches au prix SNCF, des gueules d'écrivains qu'on préférerait invisibles sous une housse en plastique, des stands si déprimants qu'on a envie soudain de se passionner pour Marcel Bouchetro, poète auvergnat vantant les laves pétrifiées de son désir. Mais bon. Le Salon du Livre, c'est surtout le hasard à la portée du caniche qu'on veut bien, un soir ou un jour, redevenir. Le livre qui vous saute à la gorge, taquiné chez Quidam ou Laureli, tirant sur sa laisse chez POL ou aboyant jovialement chez Verticales, l'opuscule "untamed"qui jaillit de l'antre Al Dante, le cabot furieux qui vous mord le mollet devant le stand Inculte. Et puis des rencontres, comme dans un hangar devenu bar où soudain on vendrait, sans trop savoir pourquoi, des livres. Des lecteurs qui vous demandent de signer autre chose que votre arrêt de publier. Des libraires qui lévitent en vous parlant. Des bibliothécaires qui osent. Des enfants qui cueillent les catalogues comme des prunes indispensables. Des barbons académiés qu'on salue d'un doigt d'honneur. On sent que le salon de l'agriculture a laissé quelques souvenirs genetico-indissolubles. C'est une fête foraine qui frôle le branché, mais dont le courant, quand même, passe. Ça fait plus de vingt ans que j'y vais et j'y retrouve des faciès qui me plaisent, des despérados du papier qui s'accrochent, des barons de l'imprimé qui savent encore sourire. Ce n'est pas une partouze, ce n'est pas une boîte of night, c'est jute un ramassis de bons moments, traversés de vents vides, de sottes stars signantes venus singer leur leur retraite, de journalistes blanchis par leur auto-mémoires guère tamponneuses, d'actrices paraphant leur émotions vendables… Mais bon, c'est le seul endroit où on peut marcher sur les pieds d'Yves Pagès tandis que Régis Jauffret vous explique qu'il a croisé Florian Zeller en train de parler capilliculture avec BHL devant le stand des éditions du CNRS. Voilà pourquoi personne ne s'est jamais suicidé au salon du livre. Tout le monde attend le lendemain pour considérer la chose. Quant au boycott d'Israël, je n'aurais qu'une seule conclusion: salaam shalom. Nazim Hikmet Primo Levi Franz Kafka Omar Khayam. L'Etat n'est pas l'étant. Je suis, si ma mémoire m'a à la bonne, juif par mes lectures et arabe par mes lectures. Mes ancêtres pied-noir m'ont enseigné le mépris du bougnoule et mon ascendance m'a mis en garde contre les comploteurs youtres. Du coup, je vote métèque. J'évite le gaulliste comme la peste. Du coup, j'ai vu, et vois, rouge. Ma femme est d'or et de mercure chantant. Mes enfants tous abyssiniens et rimbaldiens malgré eux. Je n'aspire qu'à disparaître dans votre oubli régionalement correct. Le salon, je ne sais pas, mais les livres, oui. En plus, certains offrent l'apparence d'un pavé. N'en jetez plus? Oh que si.
Attention ! Je sens venir un poème...
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RépondreSupprimerEh oui une fois de plus c'est Chev(y truck) qui nous met tous d'accord, en abondant dans le sens du premier point négatif que vous trouvez à dire au sujet dudit salon :
RépondreSupprimer"Les crachoirs ayant disparu des lieux publics bien avant les cendriers, les cracheurs ont précédé les fumeurs dehors, devant les cafés, où s’envenime aujourd’hui le vieux conflit d’intérêt qui oppose depuis toujours pyromanes et pompiers."
SORTIR DES TATOUAGES
RépondreSupprimerDans l'ombre des nuits
Tous les métissages sont nègres
Qui finissent en gris
Couleur d'apocalypses
Aux reflets arc-en-ciel
Ultime station avant l'ultime shoot
Adrénaline mâtinée d'harmonie
Collapsus de fragrances
Dans le minéral intégral
A l'atelier du fondeur