Il est des éditeurs pour qui la passion ne saurait connaître de frein. C'est ainsi qu'un projet fou est né, un jour, dans l'esprit de Thierry Bodin-Hullin, maître d'œuvre des éditions L'Œil ébloui: Publier 53 livres de 53 pages sur son auteur fétiche, Georges Perec. Pourquoi ce chiffre de 53 ? TBH s'en explique avec malice dans le n°2 de cette "série" en 53 épisodes, qui promet d'être haletante. Quatre premiers titres paraîtront le 7 mars prochain, mais sont en pré-vente sur le site de l'éditeur.
Le 1/53, signé Jacques Bens & Georges Perec – à tout seigneur tout honneur – s'intitule 50 choses qu'il ne faut pas oublier de faire avant de mourir, et reprend un inventaire singulier inauguré à la radio au début des années 1980. Parmi les "choses" (mot ô combien perecquien…) que l'auteur de La vie mode d'emploi souhaite accomplir avant de passer à autre chose de noir, figure, entre autres desiderata, "trouver la solution du cube hongrois", plus connu sous le nom de son inventeur, un certain Rubicks. Ce cube, bien sûr, comporte 54 carrés, preuve s'il en est que 53 est le genre de chiffre qui en veut toujours plus.
Le 2/53, on l'a dit, est une présentation éclatée et ludique du projet de l'éditeur (Trajet Perec): pourquoi, comment, mais pas seulement. On y trouvera une belle lettre écrite à Annie Ernaux, cherchant à la convaincre de monter dans le train ébloui; un parallèle entre une certaine Chartreuse et une balade à dos de ruminant bossu (une ou deux bosses? la chose n'est pas claire, mais on l'a vu, tout se joue à n+1 près).
Le 3/53 est signé François Bon, obsédé textuel d'Espèces d'espaces, qui s'efforce, géographiquement, de faire jouer le texte spatialesque de Perec avec son œuvre, d'occurrences en hiatus. Ça s'intitule L'espace commence ainsi, un titre bien perecquien, au sifflement prometteur.
Le 4/53 émane de l'agence graphique Yokna en charge de ce qu'on appelle un peu lestement "l'habillage" de la collection, mais qui ici prend des allures de fol strip-tease et permet à l'œil, forcément ébloui, de voyager au pays des caractères, en particulier dans la région dite "Permutation" (c'en est le titre). Ornement? Or ne ment.
3 autre titres paraîtront à l'automne:
• Une seule lettre vous manque, de Claro (dans lequel je cherche un lien invisible entre traduction et disparition…)
• Lier les lieux, élargir l'espace, d'Anne Savelli
• Terminus provisoire, d'Antonin Crenn
A raison de 7 titres par an, sachant qu'il y aura 53 titres, combien de temps faudra-t-il à l'éditeur pour accomplir ce passionnant périple? Je ne suis pas doué en calcul, mais ici, seule la lettre importe. Pour ce qui est des chiffres, on compte sur vous, chaque ouvrage coûte 12 euros, un nombre pair qui ne doit pas vous empêcher de compter jusqu'à 53.
On y trouvera une belle lettre écrite à Annie Ernaux, cherchant à la convaincre de monter dans le train ébloui;
RépondreSupprimerFallait le dire, allez hop, la corbeille. Merci de nous avoir prévenu.