C'est quand même bizarre, cette façon qu'a l'arroseur de sucer le tuyau dont rien ne sort. Je veux parler de la presse face au prochain livre de Houellebecq. Bon, l'éditeur a attendu tard avant de lâcher le titre, c'est son droit, et puis après tout ce n'est qu'un titre, a-t-on envie de dire. Bref, rien qui puisse donner lieu à un article de fond, ni même de surface. Mais à peine l'étique lapin a-t-il jailli du mou chapeau, voilà qu'on essaie de nous faire passer une bulle pour de la mousse. Ainsi, le Figaro nous explique-t-il que "les informations sur son prochain livre à paraître le 4 janvier chez Flammarion se distillent au compte-gouttes." Tellement au compte-gouttes, d'ailleurs, qu'à part le titre on n'en sait rien, et tant mieux tant pis. Ce n'est plus une goutte, c'est l'ombre sèche d'une gouttelette. Hélas, il faut meubler. Alors on y va fort. Toujours le Figaro:
"Sérotonine risque d'avoir un autre effet: écraser la rentrée littéraire d'hiver. Le magazine professionnel Livres Hebdo a répertorié 493 romans dont 336 français et 157 étrangers annoncés par les éditeurs pour les mois de janvier et février 2019. On risque de beaucoup parler d'un seul…"
Pardon? Vous pensez sincèrement qu'un livre peut en écraser 493? Que les libraires vont tout virer de leur table pour dresser un autel à Michel? Mais le plus drôle, c'est la phrase: "on risque de beaucoup parler d'un seul…" C'est qui ce "on"? On, c'est les autres? On, c'est nous? Vous? A moins que la phrase ne soit à entendre comme une menace…
Vous savez, amis critiques, rien ne vous oblige à écraser une rentrée à cause d'un livre. Personne ne vous en voudra de faire un papier sur un autre livre que celui de Houellebecq, même si c'est sur un livre paru chez un petit éditeur. C'est quoi, ce risque? Ça veut dire quoi, cette phrase? On a l'impression, en fait, que pour certains, prendre un risque, ça serait parler d'autre chose que de ce Sérotonine. Allons, de l'audace, toujours de l'audace, et surtout de la curiosité.
De la curiosité et de l'audace, c'est bien ce qui manque à la "presse littéraire" en général ! Presse et critiques que d'ailleurs j'ai renoncé à lire depuis fort longtemps, y compris "le Monde des livres" où pourtant vous officiez avec talent à la suite d'Eric Chevillard. Pour trouver des auteurs et des écritures qui sortent du consensus mou imposé par les grosses maison d'éditions et leur tapage médiatique, je fais confiance à mes libraires qui connaissent mes exigences, à votre blog et à... ma curiosité qui n'est pas toujours de bon conseil, mais alors je n'ai à m'en prendre qu'à moi-même !
RépondreSupprimerRien, je ne lirai rien sur Le sujet.
RépondreSupprimerMichel m'ennuie.
Pire (ou pas) Michel m'est impossible à lire, à chaque page je vois sa tronche.
Alors, OUI qu'on parle d'autre chose.
Vous me l'apprenez.
RépondreSupprimerAurélien Bellanger enfonce le clou sur France Culture en intitulant un article entier "Je n'ai pas encore lu le nouveau Houellebecq". Fascinant.
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