Avec House of Holes – la maison des trous… –, qui sort bientôt aux
éditions Bourgois sous le titre gentillet de La Belle Echappée, Nicholson Baker fait fort. Non content de
subvertir le genre féerique, avec clin d’œil à Lewis Carroll et Frank Baum,
entre autres, il fait de la pornographie une célébration lubrique – et
lubrifiée – à mettre entre toutes les mains consentantes et majeures. Oh,
l’histoire est simple, simple comme un coup tiré sans semonce, dans la pure
tradition des contes et des légendes, si ce n’est qu’ici on frotte tout autre
chose que l’antique lampe d’Aladin. Des hommes et des femmes, à la faveur d’un
orifice (paille à cocktail, tambour de machine à laver, rond créé par la
jonction du pouce et de l’index d’un bras sectionné, je vous passe l’inventaire
des échappées belles possibles…), se retrouvent catapultés dans un monde où
baiser, sucer, tripoter et autres variantes sont monnaie courante. Certes, ce
monde fantasmatique a ses règles, ses interdits et ses peines, mais globalement
chacun y assouvit tout ce qu’il souhaite assouvir, et même les sentiments, les
affections, les regrets ont droit de cité. C’est délicieusement bandant, comme
l’est assez rarement la littérature ouverte aux émulsions de la chair débridée,
mais surtout c’est, mine de rien, sacrément subversif.
Car, non content d’adoptant le
ton du récit féérique, voire « Young adults » pour ne pas dire
« Small perverts », Baker se permet tout ou presque. Réveille-t-il le
vice au sein d’une littérature prétendument naïve mais bien évidemment codée
comme l’est celle qui met en scène des mondes merveilleux, ou règle-t-il le
compte à la pornographie en la plongeant dans le bain idyllique du fantasme
bon-enfant ? Un peu des deux, apparemment. Une fois introduit dans la
Maison des trous, tout est possible, ludique, que ce soit le gang-bang consenti, le strip-tease filmé, le savonnage de couilles, le cum shot à
profusion, etc. Bon, pas tout, quand même, car le sexe ici se joue entre
adultes consentants, donc adieu pédophilie, zoophilie, philatélie et compagnie. Mais bon,
ce que Baker s’amuse à tisser, c’est ni plus ni moins la vaste tapisserie des
pulsions – américaines ? universelles ? – enfin délivrés des tabous,
convenances et contrariétés dont la société s’enorgueillit.
Le principe Baker est ici on ne
peut plus clair : le sexe est la chose au monde la mieux partagée, du
moins dans l’intimité des chairs et la pudeur des consciences. Imaginons donc
un lieu (payant pour les messieurs, on sent venir l’arnaque…), où baiser est
non seulement possible « à la carte », mais ciblé, classifié, avec
consultation de l’intéressé. Les participants apprennent donc, au fil de
mésaventures riches en caresses prolongées et en panache de foutre, les règles
nouvelles d’un plaisir débridé. Car il faut savoir parfois se retenir – de toucher, de reluquer –, et il y a même pornavion qui s'en va aspirer toute la grossièreté sexuelle accumulée chez les hommes. Le bordel de monsieur Baker n'est pas non plus l'open bar du sexe. C'est davantage un club où il faut montrer bite blanche. A peine arrivé, il faut être désinfecté et scanné pour vérifier qu'on n'a pas de maladie vénérienne. C'est quand même mieux que l'armée. Et globalement, ce sont les femmes qui fixent les règles. La patronne s'appelle Lila. Et quand Lila dit non, c'est non. Si on désobéit, eh bien on vous les coupe, mais comme on est sympa, on vous les rend un peu plus tard. Ah, il y aussi une voleuse de clito. Et des étalons sans tête. Des wonderwall mit glory holes. Des toboggans à friction. Ici, le magicien ose.
La pornographie n’a pas l’habitude
de trôner ainsi, de façon profondément décomplexée, comme si les tabous étaient
juste un gant empêchant la main d’approcher la vérité tactile. Pourtant,
Nicholson Baker va plus loin. Il laisse monter au premier plan la puissance
gaie du sexe, l’humour des positions, la facétie des sucs. Inventant sans
retenue toutes sortes de désignations fantasques à nos appendices et à l’usage,
possible et jubilatoire, qu’on est en droit d’en faire, concevant des
dispositifs quasi rousséliens pour que ça jouisse à proportions, et ce toujours
sur un ton primesautier.
Baker structure sa « maison
des trous » comme un inconscient, mais un inconscient à thème, un
inconscient devenu parc d’attraction, de fornication. Et nous y pénétrons d’autant
plus volontiers que l’auteur a su employer la méthode la plus perverse qui soit :
la douceur.
Stimulant, comme on dit dans l’espace
interfémoral.
Y a-t-il des chances que le livre soit aussi jubilatoire à lire que cette critique ? Souvent ce que je me demande par ici en vous lisant monsieur. ça crépite excite la donzelle les mots de Claro mais ça me fait penser à 2 bouquins ce Baker nouveau: la maison des hommes de Kathy Hepinstall et un livre québecois dont je ne retrouve pas titre ni nom d'auteur ni nom de maison d'édition vu le tirage confidentiel de l'objet. AÏe. offert sans trop me souvenir à qui. ou trop. L'histoire d'un couple kidnappé se retrouvant dans une sorte de terrier maison à trou "parc d’attraction, de fornication", but no rule in this place. plus de conscience dans le terrier. Le couple lutte pour préserver leur humanité, leur morale, leur langage,leur lien mais ils finiront par la vague gang comment pulsion imaginer vous sexe opus au bord des fièvres.
RépondreSupprimerDonc verdict ? Vous lire, seul plaisir certain.
gentillet la traduction du titre?
RépondreSupprimerhorrible oui!!!!