lundi 24 mai 2010

L'A cité selon Barbaut


Ah ça, JB a pas mal d’allant. Achab sans frac, Adam à l’almanach pas banal, JB bazarda sans fracas l’art à la papa, attachant Dada à Lacan, ravalant l’agaçant b-a-ba. Patatras ! Allant sans trac à l’avant d’harassants tracas, JB mâcha l’A, malaxant l’bazar à chants…

Ou pour le dire autrement, vient de paraître aux éditions Nous un petit ouvrage signé Jacques Barbaut intitulé A As Anything, et sous-titré Anthologie de la lettre A. Consacrer une anthologie à une lettre semble relever a priori d’un curieux fétichisme, mais comme Dieu, l’exhausti a son centre nulle part et sa périphérie partout, la chose était donc possible et envisageable, et Barbaut, dont on a pu lire l’excellent Cahier-Décharge en 2002, a pris la peine et le plaisir à parts égales d’ausculter la lettre par laquelle on aborde – saborde – l’alphabet. Son approche varie à chaque page, tantôt il cite tantôt il énumère, et semble ne rien omettre, en tout cas d’essentiel. On y croise Roussel et Zukofsky, Brisson et Derrida, Hawthorne et Larousse. Rimbaud, bien sûr, qui écrivait à Paul Demeny en 1871 : « Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l’alphabet, qui pourraient vite ruer dans la folie ! »

Manière de rappeler – d’avertir – que le son fait forme, que « le métier d’un homme de lettres, ce sont les lettres de l’alphabet » (Perec). Ah ça! Barbaut est un écrivain buvard, point du tout bavard, donc, qui aime à se dissoudre dans la matière-falbala des mots dont l'infinie galaxie de grains est sans cesse chamboulée, pour peu qu'on sache incliner idoinement l'indécis sablier, un écrivain dont la devise semble être "à dada" et qui, de temps en temps, nous donne de nouvelles impressions de son Afrique intérieure, nous faisant avaler, ça alors!, des beaux A.


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