mardi 8 avril 2008

L'an 1905, vu par Pynchon

"Cet hiver-là, à Saint-Pétersbourg, les soldats du Palais d’Hiver tirèrent sur des milliers de grévistes désarmés, venus défiler ici naïvement et calmement. Il y eut des centaines de morts et de blessés. Le Grand Duc Sergei fut assassiné à Moscou. D’autres grèves et combats suivirent, accompagnés d’insurrections paysannes et militaires, jusqu’à l’été. Les marins se mutinèrent à Cronstadt et à Sébastopol. Des combats de rue éclatèrent à Moscou. Les Centuries noires se livrèrent à des pogromes contre les Juifs. Le Japon remporta la guerre en Extrême-Orient, anéantissant toute la Flotte de la Baltique, qui venait juste de parcourir la moitié du globe pour tenter de lever le siège de Port Arthur. A l’automne, une grève générale isola pendant des semaines le pays du reste du monde et, comme s’en aperçurent peu à peu les gens, interrompit le cours de l’histoire. En décembre, l’armée mata un autre soulèvement majeur. A l’Est, on se battait un peu partout le long des voies ferrées, le banditisme régnait et une révolte musulmane finit par éclater en Asie Intérieure. Si Dieu n’avait pas oublié la Russie, Il avait reporté ailleurs son attention." (Thomas Pynchon, Face a Jour).

3 commentaires:

  1. My god, qu'est-ce que ça coule ! Cet extrait et tous ceux publiés ici-même (sans parler du long passage dans la NRF de début d'année).
    Au contraire de L'Arc-en-ciel... avec lequel je me débats actuellement, sincèrement.

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  2. My god, qu'est-ce que ça coule ! Cet extrait et tous ceux publiés ici-même (sans parler du long passage dans la NRF de début d'année).
    Au contraire de L'Arc-en-ciel... avec lequel je me débats actuellement, sincèrement.

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