The Man within, traduit pour la première fois en français en 1931 sous le titre L’homme et lui-même, est le premier roman publié de Greene – il avait écrit juste avant deux autres récits qui tous deux avaient été refusés par son éditeur de l’époque.
Au début de Ways of escape, le second volume de son autobiographie, Greene raconte comment est né ce roman et l’enjeu qu’il cachait. Bien que heureux au journal Times où il officiait, Greene rêvait d’échapper à son quotidien de journaliste en épousant la carrière littéraire. Échaudé par deux refus précédents, il sent qu’il s’agit là de sa dernière chance. Il est alors en congé maladie – suite à une opération de l’appendicite –, et profite des quelques jours qu’il passe au Westminster Hospital pour faire des recherches sur les contrebandiers au début du XIXe siècle dans le Sussex – il a avec lui quelques livres sur cette période. Pourquoi se pencher sur cette lointaine période ? Il se demande si ce n’est pas son ignorance du monde contemporain qui l’a poussé à se tourner vers le passé.
De retour chez ses parents, il profite alors de sa convalescence pour écrire le livre. Il prétend qu’il a tout oublié de ce roman sauf la première phrase, qu’il désavoue car elle sonne à ses oreilles plus comme de la poésie que de la prose. Il se rappelle même une phrase lancée par sa mère dans une autre pièce alors qu’il écrit cet incipit, comme si l’instant, par sa solennité, l’avait marqué à tout jamais (Ways of escape est publié en 1980, plus d’un demi-siècle après The Man Within…).
Greene évoque également, dans ses mémoires, le film réalisé par « un certain Sidney Box », à qui par ailleurs il n’a pas vendu les droits (ces derniers ayant été cédés auparavant à un réalisateur de documentaire).
Mais surtout, il parle d’une lettre qu’il reçut à l’époque d’un écrivain turc d’Istanbul, dans lequel ce dernier louait le film pour son « audacieuse homosexualité » et demandait à Greene s’il avait écrit d’autres romans sur « ce sujet intéressant ». Greene, après avoir évoqué cette lettre, passe à autre chose, mais le fait est que les relations entre le jeune Francis Andrews et le contrebandier Carlyon peuvent être lus de façon assez convaincante au prisme de l’homosexualité. Oui, car ce qui fait vraiment l’objet de contrebande dans The Man Within, ce sont moins des tonneaux d’alcool que des sentiments amoureux on ne peut plus troubles chez le héros.
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