Une violence certaine irrigue ces quatre textes, qu'il s'agisse de "Vas-y", où la parole est donnée à un père (fouettard) insistant lourdement pour que son fiston apprenne à lire l'heure sur une horloge en carton ; de "Remember", où Quélen lipographe rejoue la partition expérimentée naguère par Perec dans Les Revenentes, mais en se livrant ici à une charge obscène contre la figure et la chair du père (et de la mère) s'achevant en une scène-limite assez sidérante; de "J'entre", où un corps s'introduit en lui-même à la seule force de la "langue"; ou enfin dans "Tu te tais" où une bille lancée peine à abolir le hasard.
(Le texte "Remember", en effet, dépèce et excède expressément cette bête délétère de père-mère, rejeté dès Le Pèse-Nerfs en des temps précédents. Le legs de Perec, éternellement effervescent, je le répète, est décelé en ses lettres mêmes. Véhément, extrême et dense, "Remember", cerne fermement le spectre de l'engendrement représenté en l'emblème détesté des sénescents. Le secret, et "ses relents de merde", ses réserves perverses en dépense éternelle, ces effets célèbres et délétères, se révèlent, en "Remember", évent(r)és – ses ténèbres levées; ses dérèglements rejetés. Le texte, enlevé et dément, cherche le sens des préceptes enchevêtrés en le temple exécré des mères et pères, le cherche et prestement le segmente en déchets, en membres blessés. Enténébré de sexe éphémère et de vertes légendes, le texte rebelle de Qélen élève l'entendement et prend le temps d'émerger en rêves pénétrés. Respect!)
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Dominique Quélen, quélen = enqulé, éditions louise bottu, 14€
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