lundi 19 septembre 2022

Anatomie du regard photographique: Marilyn en volte et de face


"Savelli propose d’anatomiser le regard photographique et formule une grande et belle question : « les photographes et les actrices fonctionnent-ils de la même manière ? Est-ce que quelque chose les unit, ou les place en rivalité ? » C’est aussi, en reflet ou par ricochet, un peu le portrait des photographes qui s’esquisse dans ce livre, dans cette Volte-face. On évoque donc Lawrence Schiller, photographe borgne, bavard et ambitieux, auteur d’un Marilyn and Me ; Willy Rizzo qui a photographié Marilyn pour Paris Match et qui se retrouvera dans… Les Bijoux de la Castafiore ; Eve Arnold bien entendu, à qui l’on doit un livre intéressant ; Philip Halsman qui a photographié les moustaches de Dalí, inventeur également de la jumpologie — art qui consiste à photographier les modèles en plein saut — mais aussi accusé du meurtre de son père ; Milton H. Greene dont les photos seront mises aux enchères en Pologne en 2012 ; Frank Powolny qui fera la photo à partir de laquelle Warhol fera son Diptyque, etc. L’anatomie d’un regard pluriel est pratiquée par Savelli, et le geste en est assuré : « Il faut une grammaire de l’apparition : surligner sans hypertrophier, rendre évidents ces atouts merveilleux sans tomber dans l’outrance ne se rendre invisible. » Que ce soit le regard des nombreux photographes, ou encore le nôtre, tous contribuent à produire l’image, le « résumé » de Marilyn. Et Musée Marilyn a pour fonction non pas de ressasser l’évidence stérile d’une icône, mais de déplier le résumé, de raviver la force d’un corps."

— Mathieu Antoine Jung, à propos de Musée Marilyn, d'Anne Savelli (éd. Inculte)

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