Chers membres du jury du Prix Renaudot,
Je découvre par voie de presse que mon livre La Maison indigène (Actes Sud) figure dans votre première sélection pour cette année 2020. Je vous remercie d'avoir pris la peine de le lire (ou de le feuilleter), mais il se trouve que je ne souhaite ni voir mes livres "récompensés" par un prix, ni même figurer sur une liste de prix.
Je me suis de nombreuses fois exprimé sur les raisons personnelles de ce refus, et je regrette que vous n'ayez pas eu connaissance de ma position sur ce sujet. En ces temps où la question du masque est sur toutes les lèvres (à défaut du masque lui-même), je n'ai aucune envie de participer à quelque mascarade que ce soit, même patronnée par des écrivains aussi talentueux et prestigieux que le sont, pour ne citer qu'eux, messieurs Beigbeder, Guidicelli et Besson. Je vous demande donc de bien vouloir retirer au plus vite mon livre de votre sélection.
"Les honneurs déshonorent", a dit Flaubert. Le ridicule, aussi, ajouterai-je. Vous voyez, en littérature aussi, certains gestes barrières sont nécessaires…
cordialement
claro
Bravo, considérant les prestigieux écrivains qui composent le jury, vous avez bien raison. On sait que les prix littéraires sont une mascarade depuis Julien Gracq au moins.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerFélicitations pour cette position claire. J'ai été (un peu plus) accablé hier en entendant que les différents conclaves littéraires n'avaient rien trouvé de plus intelligent que de décerner leurs prix par anticipation dès la sortie du déconfinement. Plutôt que de chercher à soutenir globalement les maisons d'édition indépendantes, les plus fragiles, ils vont capter et mettre la lumière sur quatre titres (!). Ce milieu est désespérant. Il faut vraiment en finir avec cette pratique débilitante des "récompenses" : prix littéraires, victoires de ceci, césar de cela. Les artistes ne doivent pas se prêter à ni cautionner ces concours de miss déshonorants.
RépondreSupprimerBravo Claro ! Après un mois désespérant (pas un seul post sur le Clavier Cannibale, le manque se faisait cruellement sentir, et je refuse catégoriquement toute tentative de sevrage !), je suis ravi de ton retour avec cette mise au point plus que salutaire !!!
RépondreSupprimerComme on dit ici à Genève, Tout de bon !
La cerise sur le gâteau : les grands génies de livres hebdo qui illustrent leur article sur ladite sélection par une photo de Claro...
RépondreSupprimerJolie volée !
RépondreSupprimerBravo. La grande classe.
RépondreSupprimerComment croire à ces pauvres prix...
2016 : 1er roman « adulte » de Joann Sfar :
Comment tu parles de ton père = sélection prix de Flore
2017 : 2ème roman de Joann Sfar :
Vous connaissez peut-être = sélection prix décembre
2018 : 3ème roman de Joann Sfar :
Modèle vivant = sélection prix Renaudot
2020 : 4ème roman de Joann Sfar :
Le dernier Juif d’Europe = Sélection Renaudot 2020
Bonjour,
RépondreSupprimerJe trouve normal de refuser ces prix dans la mesure où l'on conteste la dimension mondaine et un peu pathétique qui entoure tout cela : la vie. Mais dans cette mesure seulement ? Si les prix ont récompensé des écrivains atroces et inqualifiables, ils ont parfois "honoré juste" sauf si... non ? Personne ne veut accorder de crédit à une sorte de ruse de l'histoire - version germanopratine du jury populaire d'assises - par laquelle la vérité peut finalement sortir de la bouche des ignorants ?
Je ne sais pas je ne sais pas qui le sait donc.