En annonçant qu'il comptait renoncer à percevoir sa retraite, le président Macron ne fait qu'agir à la manière de ces anciens monarques qui, ayant décidé qu'en leur corps s'incarnait l'idée de la nation, croyaient donner l'exemple en s'érigeant en exception. Sa décision, que nous dit-elle, réellement? Qu'il consent à un sacrifice? Bien au contraire. Le message est à la fois plus insidieux et plus clair à qui sait l'entendre, et gageons que nombreux l'entendront ainsi: ce qu'il nous dit, c'est ni plus ni moins ceci:: Voyez ce que j'en fais, moi, de la retraite ! Je la voue aux gémonies! Je n'en ai cure! Et dans mon illusoire magnanimité, j'y renonce avec une superbe que je vous invite à prendre pour de l'humilité. En gros, ce à quoi se "plie" aujourd'hui Macron, c'est à une forme de vaine aumône. Il jette sa retraite dans le puits au miracle, en faisant vœu de probité.
Il semble nous dire: Comme les dieux (ou les capitalistes), je ne suis pas inquiet face à l'au-delà (l'après-présidence), de toute façon je n'aurai jamais de souci d'argent, alors franchement, les points je n'en veux point. Comment un président peut-il penser qu'un tel geste, par sa fausse largesse et son indécente ostentation, passera aux yeux de ses "sujets" pour une concession, un exemple, ou tout simplement autre chose qu'une crasse insulte. En quoi le déni de l'essentiel peut-il faire oublier que c'est l'essentiel qui nous est refusé? En quoi l'abandon d'une pension personnelle superfétatoire peut-elle racheter le mépris acharné d'une retraite méritée? Personne n'a demandé à Macron de brader ses points: et c'est précisément pour cela qu'il se livre à cette mascarade.
Si le corps du roi était considéré comme une substance divine n'ayant que faire des attributs mondains, la geste présidentielle est ici un pur attribut publicitaire n'ayant nul besoin d'une substance quelconque. Un pouvoir vide, nu, qui lance des piécettes dans le noir du puits de sa propre non-conscience comme si la chose pouvait éteindre l'incendie. En fait, Macron dit ce qu'il répète à l'envi concernant les retraites: Allons allons, la plupart d'entre nous/vous ne sommes pas "concernés", alors lâcher prise, laissez faire. Mais là encore il y a malentendu sur le sens de "concerné". Pour le libéral décomplexé, le mot renvoie à son propre univers. Pour l'acteur social, il engage toute sa périphérie et au-delà. Il y a fort à parier que la friction de ces deux façons d'être "concernés" produira plus que des étincelles. Et que le mot "retraite", dans l'état de guerre sociale à peine larvée qui se profile, prendra lui aussi un terme quasi militaire.
je souhaite avec ferveur (enfin presque) que la dernière phrase rencontre le réel... quant aux petites habiletés de notre présidenticule je m'en moque
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