Dès mercredi prochain, La Baule accueillera l'événement littéraire, Ecrivains en bord de mer, rencontres entre ciel et plage organisées par Bernard et Brigitte Martin avec la complicité de Thierry Guichard. Une occasion, entre autres, de rencontrer l'écrivain grec Christos Chryssopoulos, dont on a lu le dernier roman traduit, La Destruction du Parthénon, traduit du grec par Anne-Laure Brissac et publié aux éditions Actes Sud par Marie Desmeures…
Si les tours du World Trade Center symbolisaient
Mammon, les jambes sans corps ni tête du Colosse Money, le Parthénon athénien,
lui, symbolise tout autre chose. Il trône en place de son absence, en guise de
toute antiquité, lieu de mémoire promis à la seule ruine, ombre accordée au
sublime. L’écrivain grec Christos Chryssopoulos a conçu une fiction pour
l’anéantir, et imaginé un jeune homme se voulant terroriste du passé, cherchant
dans l’annihilation de ce monument faussement pérenne non pas la
déstabilisation d’un monde mais l’émergence d’une conscience nouvelle, d’une
conscience perdue, qui enfin admettrait son éternelle déstabilisation.
S’appuyant sur les écrits et idées du « mouvement des
irresponsables », incarné au début des années 50 par Yorgos Makris, Léna
Tsouchlou et quelques autres, il reprend la dérive iconoclaste et la mène à son
terme. Un certain Ch. K., donc, solitaire et marginal, a donc détruit le
Parthénon. Le livre se construit autour de cet escamotage, accumulant les
points de vue comme autant de caresses perplexes permettant au lecteur de mieux
saisir la violence de la déflagration centrale. Qui était Ch. K. ?
Qu’a-t-il voulu faire ? Rappelant les derniers livres de DeLillo par sa
construction tout en évitements et glissements, La Destruction du Parthénon demeure un objet fuyant, qui navigue
d’un hiatus l’autre, sans guère d’appétit pour les réponses, préférant le
flottement à la fixation, la fiction des faits aux faits de la fiction. Le
livre, plutôt que d’abuser de la tentation spectaculaire, investit les ruines
nouvelles pour atteindre autre chose, qui est aussi de l’ordre de la
disparition, mais concerne in fine un monument autrement plus fragile, et
certainement trop humain, puisque les pierres, elles, saignent moins que les
hommes.
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