A paraître en février 2009, en Lot49: Autres électricités, par Ander Monson. (Traduit par Barbara Schmidt).
Extrait:
Nécrologie onirique pour ma mère
Qui est mon X, mon alter ego.Qui est ma repartie mes cartes postales d’un autre pays.
Qui est mon issime.
Dont la menthe est plantée devant la maison.
Dont nous ramassons la menthe, que nous roulons entre nos doigts.
Dont le parfum est ici familier comme une chanson à la radio.
Qui peut se servir avec du thé.
Dont le nom est écrit sur des sacs sous l’abri.
Qui a épousé un ingénieur.
Dont je n’arrête pas de trouver des petits mots dans des livres parsemés
de fleurs de papier autocollant.
Dont toutes les affaires ont été jetées ou vendues aux enchères
maintenant.
Dont la caricature est gravée à l’eau-forte sur du verre dans le salon.
Qui a rendu son dernier souffle sur le divan à rayures vertes.
Qui ne le dirait jamais de cette façon.
Qui est à la fois question et réponse, trou et tout, temps et tant.
Qui vit dans un autre pays où l’on vous fouille à la frontière.
Qui nous a raconté l’histoire de son voyage au Canada par le Pont
International et de son arrestation à la Douane.
Qui se demandait si le Canada existait bien.
Qui se demandait ce qu’était le lendemain de Noël, le jour des
cadeaux.
Qui a changé tout son argent en devises canadiennes.
Qui, quoi, pour qui, pourquoi.
Qui aimait les cheveux courts et l’anglais.
Qui ne se découvre qu’après la mort, tel le secret suprême.
Qui collectionnait les recettes.
Qui gardait mon père sur le droit chemin et à la maison.
Qui m’écrit régulièrement, je le sais.
Dont les lettres n’arrivent plus par la poste.
Qui depuis là-haut est mère et femme, confidente.
Qui a réussi à obtenir un appel longue distance.
Qui était vertu et vérité.
Qui est évasure. Qui s’est évaporée.
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