lundi 21 novembre 2016

Les "revendications excessives" des traducteurs: mythe ou réalité?

Sur France Culture, vendredi dernier, on a pu entendre une petite discussion sur "la condition du traducteur". Face à Elisabeth Philippe, de Vanity Fair, qui avait déjà exploré la question dans divers entretiens et reportages, il y avait un éditeur pour, suppose-t-on, apporter un autre son de cloche: Florent Georgesco, qui est "critique littéraire au Monde" ainsi qu'éditeur (éditions Plein Jour).

Mais en fait de son de cloche, c'était de l'artillerie lourde. En effet, alors qu'Elisabeth Philippe rappelait les divers problèmes liés au métier de traducteur, qui sont réels même si la situation desdits traducteurs a connu des améliorations certaines, voilà que Florent Georgesco a voulu remettre les points sur les i, mais un peu comme on enfonce des clous dans un vase Ming, et en maniant une langue qui était tellement de bois que j'ai cru un moment qu'il allait annoncer sa candidature aux primaires de l'édition.

Florent Georgesco, qui semble vachement respecter les travailleurs de l'ombre que sont, c'est bien connu, les traducteurs, a tout de suite mis en garde l'auditeur médusé contre une dérive grave et lourde de menaces : étant donné qu'économiquement c'est quand même le marasme, la crise, tout ça, il faut "se méfier des revendications excessives". Oui, car comme tout le monde le sait, le traducteur gagne plus que l'écrivain qu'il traduit, et il est payé la même somme quels que soient les risques encourus par l'éditeur audacieux qui a fait appel à ses services casaniers. Quel planqué, non mais. En plus, ce bougre de traducteur touche un pourcentage sur les ventes – bon, certes, c'est genre un pour cent après amortissement de l'à-valoir, mais bon, ne pinaillons pas. Alors évidemment, s'il se met en tête d'exiger plus – mais quoi? Florent Georgesco ne le dira pas… – il y a abus. Ça devient de l'irresponsabilité économique. Vous suivez? Moi pas. Et Georgesco d'expliquer que tout le monde est hyper précaire dans l'édition, mais que le traducteur, lui, il refuse de faire le gros dos, il exige, il exige, il exige toujours plus ! 

J'avais à peine eu le temps de digérer ces propos ahurissants de connerie que, paf, Fillon remportait la première manche des primaires primitives. Décidément, pour certains, le simple fait de réfléchir avant de parler est en soi une revendication excessive. 





4 commentaires:

  1. allez, ne soyons pas chien, je remet le post d'hier, qui sera ici en meilleure place pour la discussion
    (non il ne s'agit pas d'un commentaire sur les primaires, mais j'en ajouterai un)
    le simple fait de réfléchir avant de voter est en soi une revendication excessive.

    lu
    a propos de John E Woods qui vient de publier Zettel's Traum de Arno Schmidt (Bottom's Dream)
    un livre pour se muscler à la fois les bras et la tête

    Meanwhile other translators of Woods’ acquaintance are struggling. The VdÜ association for Germany's literary translators, an organisation fighting for better compensation for those in the sector, recently reported that many “successful and busy” translators earn an income of between €13,000 and €14,000 per year, which is below the poverty line.

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  2. Mais vous êtes chiant, JL ! Pas chien.

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  3. « Selon les chiffres de l'AGESSA, le revenu annuel moyen des traducteurs affiliés était de 24.099 € en 2007, il est passé à 22.366 € en 2013. » (source : https://www.actualitte.com/article/interviews/la-conscience-de-la-presence-et-du-travail-du-traducteur-a-evolue-chez-les-lecteurs-atlf/65373 ) Mais bon, ce n'est pas grave, on n'a pas de loyer à payer ni d'enfants à nourrir.

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