Écrire prend du temps (quelle que soit la façon dont on mesure ce temps). Et quand le livre est fini, débute toute une série d'autres attentes. L'attente d'un éditeur: ça peut prendre longtemps, un an, voire plus. Et si le livre est accepté par un éditeur, il faut parfois le retravailler, et là encore le temps s'étire, l'auteur.e a quitté le temps de l'écriture mais doit y revenir, bon gré mal gré. Puis vient le temps ultime, celui qui sépare le moment de l'acceptation du manuscrit de sa publication, et une fois de plus, l'attente peut être longue – car quand un éditeur accepte un texte, son "planning de publications" est souvent déjà établi sur plusieurs mois.
Tout ça pour dire qu'on ne louera jamais assez la patience des auteur.es. Entre le moment où ils/elles débutent un texte et le moment où ledit texte paraît, le temps semble se dilater de façon abstraite, parfois intolérable. A l'urgence d'écrire a succédé l'impatience d'être publié, mais c'est l'attente qui prend toute la place entre ces deux moments.
Il n'est pas facile de dire à un.e auteur.e: "J'aime votre texte, je le publierai donc dans un an et demi"; et encore moins facile, quand on est auteur.e de s'entendre dire ces mots. Bien sûr, parfois, le processus est moins lent, une "case" se libère, et le texte peut paraître plus vite que prévu, mais la machine éditoriale est laborieuse, on doit établir son programme très en amont, on présente le livre aux représentants quatre ou cinq moins avant parution, etc.
Il existe donc des temps très différents dans le parcours d'un livre. Et une fois publié, un nouveau temps surgit, souvent très bref, celui de sa présence sur les tables des libraires. Bref, des années de travail, souvent, pour un très bref tour de manège… Avis, donc, à ceux et celles qui "fantasment" d'être publié.es: c'est une forme de patience inédite qu'il vous faudra apprendre à maîtriser. Une attente qui n'a rien d'une détente. Un temps comme suspendu, dont il convient de savoir s'extraire.