vendredi 1 octobre 2021

Nicolas Richard en duo


OYEZ. Samedi, à 17h31, sur l'imprudente invitation du Festival Fo/Vf, j'aurai l'immense plaisir coupable de converser avec le traducteur (et néanmoins ami) Nicolas Richard. Pourtant, tout nous sépare: Je vis à Bar-sur-Aube, il a grandi à Tours. J'ai traduit Pynchon I, il traduit Pynchon II. J'ai écrit des livres, lui aussi. Nous nous connaissons depuis que le feuillet est mal payé. Quand je sèche sur une phrase où il y a des mots que je ne comprends pas le sens qu'ils veulent dire, je lui écris un mail que j'envoie et il me répond presque tout de suite (sauf s'il escalade un mur d'escalade) avec souvent la bonne réponse. On s'estime, même s'il boit de la bière brune. Nicolas Richard, pour ceux et celles qui le connaissent, ne recule devant aucun argot, aucun dialogue, alors que je refuse toute traduction comportant des tirets de dialogue. Il a traduit près de cent livres, alors que j'en ai traduit plus de trente mille, mais c'est un détail, size don't matter, really.

Nous sommes amis, ai-je dit un peu à la légère, même s'il est (soi-disant) en train de traduire Howl de Ginsberg, ce poème que je rêvais de retraduire (mais que je serais infoutu de retraduire alors bonne chance Nico). Que vous dire d'autre? Ah oui. Nicolas a traduit Riddley Walker, de Russel Hoban que je rêvais de traduire, mais que j'ai été infoutu de traduire, donc, tant pis pour ma pomme. En outre, il m'a piqué Pynchon sous le prétexte fallacieux que je n'entravais rien à la bulle internet et au polar des années 70, ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort. Nicolas a par ailleurs commis un roman sur Pynchon, même s'il refuse qu'on dise qu'il s'agit d'un roman sur Pynchon, mais pourquoi je prendrais des gants, et comment je ferais pour taper à l'ordi avec des gants, soyons sérieux. La rumeur court également comme quoi Nicolas m'aurait battu au ping-pong lors d'une soirée haut-marnaise assez improbable. Légende, là encore. Il porte parfois des chemises dont aucun summer-of-loviste  ne voudrait pour suaire, mais elles lui vont à merveille, allez comprendre. Ce qui me différencie essentiellement de cet homme retors, ambitieux, vénal mais musclé, c'est qu'il est cool. Il est même probable qu'il ait inventé la coolitude (alors que je peine à imposer la ronchognitude). Bref, nos retrouvailles risquent d'être houleuses, d'autant plus que nous ne nous devons rien, ni argent ni pognon. Alors, si jamais d'aventure vous vous baladez du côté de Gif-sur-Yvette (ne me demandez pas qui est ce monsieur Gif ni ce qu'il pouvait bien faire sur cette pauvre Yvette…), n'hésitez à venir assister à notre affable passe d'armes. (Vous pouvez aussi nous payer des coups (à boire) après, ça fait toujours plaisir.)

Ah, j'oubliais. Nicolas (Richard) vient de sortir un livre qui parle de traduction et que vous devez acheter afin que son auteur – qui a quand mêle traduit Obama, alors ne le plaignons pas trop – puisse vivre dans les limites de la décence. Ça s'intitule Par instants, le sol penche bizarrement (aux éditions Robert Laffont). C'est un chouette livre (qui coûte quand même 22€90, mais bon…) où le traducteur se met à nu mais n'allez pas non plus vous faire des idées, d'ailleurs on voit bien sur la couverture que tout ça reste très vêtu. J'avais trouvé un meilleur titre à son livre, mais Nicolas, avec son arrogance naturelle et son quant-à-soi un peu hautain, n'en a pas voulu. Tant pis. Moi j'aimais bien. Même si, j'en conviens, ce titre était moins vendeur: Comment j'ai traduit certains livres des autres que je n'ai pas écrits. Mais bon, le titre qu'a choisi Nicolas Richard a ses mérites; c'est vrai qu'en traduction le sol, parfois, penche bizarrement. Le traducteur, qui est somme toute ni plus ni moins, qu'un réagrégeur, ne saurait qu'opiner. (Et puis, Nico et moi, on a connu Bernard Hoepffner, le saint patron de nous. Paix à son âme joycienne, burtonienne et la liste est longue.)

C'est samedi 2 octobre et pour les détails c'est là: https://www.festivalvo-vf.com/rencontres-2021-tarantino-woody-allen-et-moi/

Si vous ne venez pas, nous ne vous en voudrons pas. Quoique.

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