vendredi 13 mars 2015

Le viol, l'Inde et nous

Le 16 décembre 2012, une femme se faisait violer en Inde, dans un bus. Par cinq hommes. Elle en est morte. L'information avait fait le tour du net, plus que du monde. Elle s'appelait Jyoti Singh.

Mais ce jour-là, peu importait son nom, seule comptait le fait qu'elle soit une femme, que certains hommes présents dans le bus pensent certaines choses d'une femme, et qu'on soit, accessoirement, en Inde. Un documentaire vient d'être tourné sur ce "violmeurtre" (inventons le mot puisque sa réalité existe depuis l'aube des temps).

Récemment, l'Inde a interdit la diffusion de ce documentaire. Les raisons avancées sont les suivantes: "Certaines images pourraient encourager les violences faites aux femmes" (je cite un article dans Slate). Franchement, je ne sais pas si l'Inde a raison d'interdire ce documentaire. Je ne suis jamais allé en Inde. Je ne connais rien à l'Inde. Mais je me dis que s'ils pensent qu'un documentaire sur un viol peut encourager les violence faites aux femmes, c'est qu'il y a un problème. Et j'aimerais presque me dire (même si en fait cette pensée est faible et d'aucun réconfort) que c'est lié, si ça se trouve, à l'Inde.

Le monde entier, Internet oblige, a été sensibilisé (quelques jours, ne rêvons pas) au massacre de Jyoti Singh. Un viol collectif. Dans un bus. En Inde. Nous, on pense Inde, bus, foule, et on baisse la tête, genre : Non mais quel pays. A la fois, on sent bien que tout ça n'est pas typiquement indien. J'ai une petite idée de l'Inde, des bus, de la religion là-bas, une petite idée si petite qu'elle ne vaut rien. Mais ai-je seulement – et c'est la vraie question – le centième d'un once d'idée quant à ce qu'est une femme violée? En Inde ou ailleurs. Quand Slate parle d'un "'crime odieux qui allait bientôt indigner le monde", est-ce que je sais de quoi on parle? Non. Bien sûr que non. Ni en Inde, ni même en France où,
"Chaque heure, près de 9 personnes sont violées, soit 205 viols par jour. Le nombre de viols seraient de 75.000 par an en France, dont seulement 10 885 déclarés. Les tentatives de viols seraient 198000." (Sources ici)
Tic tac. Une heure. Neuf femmes violées. Même hors d'un bus. Il est possible que la violence faite aux femmes soit endémique en Inde, si j'en crois l'article de Slate. Et peut-être/sans doute que le gouvernement indien a tort de censurer ce documentaire. J'aimerais croire à la force dissuasive d'un documentaire (et au Père Noël). Mais à la fois, l'idée que sa diffusion puisse "booster" les violences faites aux femmes me tétanise.

Ceci dit, je me demande pourquoi ce fait divers a traumatisé à ce point le monde (ou l'internet?). Les autres viols/meurtres n'ont-ils pas été entendus? Est-ce le bus ou l'Inde qui soudain interpellent l'internaute? Jyoti Singh est le nom d'une femme, et cette femme est morte d'un viol, mais depuis toujours les femmes s'appellent Jyoti Singh. Et pas seulement en Inde. Après "je suis charlie", un "je suis Jyoti Singh" serait-il entendu? Le premier terrorisme sur terre ne devrait-il pas révolter les foules?

200 000 tentatives de viol en France. Vous croyez que c'est vraiment la religion? Vous croyez que c'est vraiment l'alcool? Vous croyez que c'est vraiment la minijupe? Vous croyez que c'est vraiment en temps de guerre? Et si – osons l'hypothèse – le mâle avait été conçu – historiquement, politiquement, patriarcalement, militairement – pour violer les femmes – en recourant aux bons conseils de la religion, de l'alcool, de la minijupe, de la guerre? Vous avez raison. C'est débile. Même en temps de paix, même en pantalon, même en France, une femme peut se faire violer par un type qui n'est ni bourré ni religieux ni en treillis. L'habit ne fait pas le moine. Mais la bite fait l'homme, apparemment.

15 commentaires:

  1. Décidément, c'est votre obsession du moment, l'homme. Article indigent (qui a cependant l'honnêteté de l'admettre), moralisateur, qui vient simplement se noyer dans le grand océan de la victimisation qu'est devenu Internet. La source du problème selon vous est l'homme. Et son sexe. Diantre, c'est fâcheux, c'est justement ce qui le caractérise. L'homme serait donc "naturellement", intrinsèquement, un violeur ? C'est léger comme "explication". Lançons quelques pistes plus sérieuses : pornocratie, du sexe partout mais interdiction de jouer le jeu de la séduction sous peine d'être traité comme un criminel, virtualisation des rapports humains et donc frustration, sans oublier les cas psychiatriques lâchés dans la nature par différentes institutions (prison, hôpital public…)… Le désir, la psychose, la fulgurance atroce, ne naissent pas de rien : ça fermente, ça pourrit. Intéressons-nous véritablement à ce sujet pour mieux l'éradiquer et cessons les envolés vide de sens.

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    1. Je ne comprends guère votre indignation, Anonyme. L'homme ne peut qu'être un violeur. Voyez: il possède un pénis. De même que la femme ne peut demander qu'à être violée - voyez: un vagin. Tout cela est très mécanique.

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  2. Oui bien sûr vous avez raison. La pornocratie, née je suppose pendant l'Empire romain. Le sexe partout, initié par les tribus gauloises. L'interdiction du jeu de la séduction, hyper contraignant pour les hommes, d'autant plus qu'ils font les lois. La virtualisation des rapports humains, tellement sensibles pendant les guerres où le viol est ordonné par la hiérarchie militaire. Eradiquons le viol dès le paléolithique, et tout ira mieux dans notre relecture de l'Histoire. L'homme est distinct du viol, comme la femme de l'asservissement. Ouf, ça va mieux en le disant.

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  3. Hélas non! Il n'y a pas victimisation mais simple constat factuel. D'autant queles hommes ne violent pas que les femmes, mais les petites filles et les petits garçons et les mecs "efféminés" en prison et tutti quanti. Ca ne fait pas de tous les hommes des violeurs mais potentiellement si et toute femme a eu un jour ou l'autre une expérience de viol soit aboutie, soit non aboutie et ne parlons pas des "forçages "maritaux. On sait bien que quand une femme dit non, elle pense oui, il suffit de "l'aider" à changer d'avis.
    Merci Claro d'exprimer ce malaise qui vous honore..

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  4. Je ne prétends pas avoir raison, j'essaie d'être dans l'analyse plus que dans la dictature du sentiment.
    Beaucoup d'amalgames et d'inepties dans votre réponse. Je doute par exemple que les armées européennes contemporaines ordonnent à leurs soldats de violer. Et concernant le jeu de la séduction, dans une société toujours plus féminisée, l'homme ordinaire (qui n'a d'influence sur presque rien, à peine sur sa pauvre vie de consommateur dépolitisé) n'occupe certainement pas le trône. Quant à vos sarcasmes sur l'Histoire, ils tombent malheureusement à plat quand on sait ce que l'homme a fait subir à l'homme. Dans ce cas, décomptons toutes les victimes, toutes les souffrances : humaines, végétales, animales, minérales... avant même le Big Bang tiens, pendant qu'on y est : culpabilisons encore et encore, pleurnichons éternellement. Puis exterminons les hommes au final, coupables de tout. L'auto-flagellation, nouveau sport national.

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  5. Je ne comprends pas pourquoi je trouve dans un commentaire tant de résistance à soutenir les femmes violées. Parce que, si des non-violeurs, je l'espère pour eux, réagissent par des : "oh! Là oh! ça suffit avec ces histoires, il nous emmerde avec sa morale! Que d'inepties! Réfléchissons vraiment! Soyons plus intelligents!" eh bien, le temps que les anonymes trouvent une autre réponse que "il faut dénoncer le viol", ça fait combien de femmes violées?
    Ce que "l'homme a fait subir à l'homme"? Seulement à l'être masculin? Non mais, il rigole, Anonyme! Faudrait qu'il revoie ses manuels d'histoire!
    Merci Claro. C'est tout ce que nous demandons, que des hommes soutiennent les femmes, les petites filles et les petits garçons violés et entrent en lutte avec eux.

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  6. Quand Laurent Obertone publie "La France, orange mécanique", toute la gauche caviar lui tombe dessus. Mais il y a des crimes, comme le viol ou les crimes racistes, qui méritent toute l'indignation de l'intelligentsia. À quand, Claro, un article aussi engagé que celui-ci sur les dizaines de milliers de violences traumatisantes subies au quotidien par les "petits gens" dans les quartiers populaires et sur le scandale des 100.000 peines de prison non exécutées par manque de place?

    PS. Il y a plus de 20 ans j'ai vu dans l'entrée de l'HLM où j'habitais à l'époque une vieille voisine étalée par terre à qui un jeune venait de lui voler le sac. Elle est morte quelques semaines après des suites de sa chute. Il n'y a eu aucune enquête ouverte après ce fait.
    PS 2. Je suis anarchiste, je n'ai jamais voté de ma vie, parce que tous les politiciens, de l'extrême gauche à l'extrême droite, me donnent envie de vomir.

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  7. Merci Claro, de dénoncer régulièrement les violences sexuelles faites aux femmes. J'espère que vous continuerez à le faire. En tant que femme, je me sens respectée par votre prise de parole. Vive les hommes qui ont les couilles d'être tendres et respectueux avec nous, qui nous écoutent, que les violences infligées aux femmes révulsent, qui tentent de comprendre pourquoi les choses sont comme elles sont, qui s'interrogent, qui se risquent à faire des hypothèses, qui prennent la peine de donner leur avis. C'est avec eux seuls qu'il est bon de faire l'amour, et quand ce sont nos amis, qu'il est bon de discuter et d'aller se balader dans les rues.

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  8. Un peu d'analyse à l'attention d'Anonyme (numéro 1), caricature masculiniste qui avec ses amis hantent le web jusque sur le blog de Claro : http://antisexisme.net/2015/02/27/dissociation/

    Il faut toujours leur expliquer, comprenez'. Ces gens, enfin, ces hommes, sont sûrs de leur bon droit. C'est ce que produit notre société patriarcale. Parler d'un viol et d'un meurtre collectif c'est... de la moralisation !

    C'est vrai que c'est léger d'expliquer que si l'on oppresse, viole et tue des femmes c'est parce qu'il y a....... des oppresseurs, des violeurs et des tueurs de femmes. C'est certainement le fruit du hasard qu'il s'agisse d'hommes, pas du tout le résultat d'une société hiérarchique qui a divisé l'humanité au bénéfice d'une moitié.

    Des pistes sérieuses : moi et mes groscongénères on bénéficie et organise un terrain de jeu sans limite pour harceler les femmes, les dénuder partout, s'approprier leur corps, leur liberté, leur sexualité, mais, sacrebleu, elles rechignent parfois à complètement la fermer et accepter ces règles du "jeu" (mais ce n'est pas un jeu, j'euphémise encore). C'est frustrant dis donc, alors des fois hein... elles l'ont bien cherché !

    Excusez-moi il faut que j'aille vomir.

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  9. C'est amusant, enfin, disons plutôt tragiquement amusant, comme à chaque fois qu'un homme prend un moment pour se poser de vraies questions sur les problèmes autour de la place des femmes dans la société, il faut toujours à peine quelques minutes pour qu'on lui tombe dessus. Et c'est toujours fait au nom des mêmes critiques : moralisation, pensée unique, évolution malsaine de la société sous la pression des gauchos-progressistes, ignorance des vrais problèmes des vrais gens...
    Je ne suis pas un toubib de l'esprit, mais il me semble qu'il existe un mot pour désigner ça : déni.

    Je sais que certains refusent de voir que notre société en apparence éclairée est en fait toujours pleine de coins sombres où se nichent nos plus bas instincts. Pour leur répondre, je me contenterais de faire appel à un auteur faussement léger et néanmoins nouvellement regretté : "La lumière croit voyager plus vite que tout, mais elle se trompe. Elle aura beau foncer le plus vite possible, elle verra toujours que les ténèbres sont arrivées les premières et qu'elles l'attendent." (Merci Sir Terry, on vous regrette déjà.)

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  10. intéressant ce billet et un article du HuffPo sur le même thème

    http://www.huffingtonpost.fr/2015/03/11/feministe-serviettes-hygieniques-message-rue_n_6845856.html

    avec cette légende

    imagine if men were as disgusted with rape as they are with periods

    Imaginez si les hommes étaient aussi dégoûtés par le viol qu'ils le sont par les menstruations

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  11. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  12. ben : Personne n'a fait ici l'apologie du viol, c'est un acte horrible, répugnant, personne ne l'a nié. Rangez votre malhonnêteté intellectuelle au placard : c'est bien cette généralisation (et culpabilisation) constante qui est exécrable, pas la critique du viol. La majorité des hommes ne sont pas des violeurs et ils devraient s'excuser pour les violeurs ? Comme les Musulmans devraient s'excuser pour les attentats terroristes ? Au lieu de culpabiliser une énième fois les hommes qui, comme les femmes, en prennent déjà plein la gueule au quotidien (crise éco, chômage… m'voyez, ce genre de petites choses), abordons réellement le problème et résolvons le.

    Toinou : Justement, Claro ne pose pas les vrais problèmes, à aucun moment, aucune analyse. Juste cette petite haine 2.0 contre les hommes (masse homogène selon l'auteur…Ce qui en dit long sur son travail de réflexion...) et rempli jusqu'à la gueule de réflexes pavloviens. Les hommes sont des violeurs, point. Pourquoi ? Comment ? Le déterminisme biologique, social, historique... ? Nada. En revanche, vous avez diagnostiqué une partie du souci : pensée unique, moralisation…Congrats.

    Quand aux autres qui définissent la femme comme une éternelle victime, plongez vous dans les livres d'histoire et n'hésitez pas à rendre visite à vos grands-mères qui ont vécu à une période non-gangrenée par le fascisme féministe, à une période où tout le monde bossait sur du concret (tout l'inverse du secteur tertiaire tout puissant où le vide et le concept creux dominent), où personne n'avait le temps de pleurnicher sur ses petits problèmes crées par le psychologisme ambiant et par cette société embourbée dans son confort matériel, sa misérable pensée étriquée, haineuse, consommatrice, jouisseuse, dépressive, amorphe, auto-centrée, totalitaire, et refusant la moindre critique tel un gamin à qui ont a refusé un bonbon.

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    1. Heu... c'est qui là le gamin haineux qui trépigne parce qu'on le contredit ? Arrêtez donc de polluer ce blog et ouvrez le vôtre, nous verrons bien si vous avez matière à un minimum de 5 posts par semaine (allez, tenez, je ne suis pas chien, je vous accorde même toutes les vacances scolaires !) et surtout nous pourrons en lire la teneur... si tant est que vous ayez des lecteurs !

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    2. Sainte Mère de Drieu, vous tombez bien bas… On en est au stade du "C'est celui qui dit qui y'est !" ?! Je ne trépigne pas, je réponds à mes contradicteurs de façon réfléchie, comme dans un (ça va vous semblez bête, mais après tout ne vit-on pas dans une démocratie)…débat. Sauf que je ne tombe pas dans les petites indignations boboïsantes du style : "Excusez-moi il faut que j'aille vomir" qui ne font que démontrer toute l'indigence intellectuelle de ceux qui les professe, préférant le Point Godwin au vrai débat. Donc point de pollution, juste un échange d'idées, de points de vue, argumenté. Mais si la contradiction vous énerve tant que ça, n'hésitez pas à déménager en Corée du Nord ou à Cuba.

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