Je me faisais un plaisir de participer aux Rencontres de la traduction qui auront lieu le samedi 21 mars de 10h30 à 19h dans la salle Nota Bene, dans l'enceinte du Salon du Livre, porte de Versailles. Je pensais, très naïvement, après leur annulation en 2014, que cette histoire d'entrée payante avait été réglée. J'avais donc donné mon accord pour en être quand Olivier Mannoni, ancien président de l'ATLF (l'association des traducteurs littéraires de France) m'a signalé que ces rencontres étaient toujours payantes. Et pas qu'un peu. Les personnes désireuses d'y assister devront en effet débourser la somme aberrante de… 90 euros! J'ignore par ailleurs si les intervenants sont payés (on ne m'a rien dit en ce sens). Je m'abstiendrai donc d'y aller.
On peut très bien comprendre que des rencontres soient payantes, mais 90 euros, comment dire? Pourquoi pas 99 euros? Les locaux mis à la disposition par Reed Expositions seraient-ils lambrissés d'acajou et sertis d'or pur? Plus sérieusement, comment se fait-il qu'une manifestation, organisée en partie par le Syndicat national de l'édition, puisse être évaluée à un tel prix? Que pourrions-nous dire, nous autres traducteurs, sur notre métier qui mérite qu'on débourse cette somme obscène? Car ce n'est pas bien sûr pas notre parole qui est ici évaluée à cet injuste prix, mais l'espace occupé par la chaise de la personne qui va nous écouter. Surtout, après la défection massive de l'an dernier, n'était-il pas possible aux organisateurs de ces rencontres d'imaginer une autre formule? Bertrand Morrisset, commissaire général de l'événement, s'est expliqué sur la question, déclarant entre autres:
"Ces manifestations sont payantes, non pour faire de l'argent, mais pour ne pas en perdre."
Ouf. Bon, imaginons qu'il y ait cent personnes de présentes à ces rencontres. Je multiplie 90 par 100 et j'obtiens quoi? 9000 euros. C'était si difficile que ça à trouver comme somme? Ça aurait vraiment mis en danger Reed Expositions, dont le chiffre d'affaire annuel est de plus sept millions d'euros, de faire un petit effort, de se fendre d'une petite ristourne ? N'y avait-il vraiment aucune autre solution? Surtout: a-t-on seulement cherché une autre solution? N'a-t-on tiré aucune leçon du boycott des traducteurs l'an dernier? Peut-on me citer une seule rencontre littéraire où il faille s'acquitter d'une telle somme? Parce que franchement, si je veux en savoir plus sur la traduction, je crois que pour quatre-vingt-dix euros, je peux faire un meilleur investissement, par exemple acheter les deux volumes déjà parus de l'Histoire des traductions en langue française, que publient les éditions Verdier. Et comme si ça ne suffisait pas, le Congrès Biblidoc qui devait se tenir également au Salon, a été annulé. La raison? Là encore, c'était un peu cher pour les participants: 290 euros pour deux jours de conférences ou 390 euros pour les quatre jours…
Franchement, à ce stade, je trouve que Reed Exposition aurait tort de se gêner. Si j'étais eux, je fixerai l'entrée du Salon du Livre à 450 euros. Histoire d'être sûr de ne pas perdre d'argent.
Je n'ai pas envie de critiquer qui que ce soit, mais c'est incroyable d'organiser une manifestation à ce prix. Autant rien organiser si c'est juste une histoire d'argent. Quelle mauvaise image donnée au grand public. Oui, à ce prix là je préfère m'acheter 2 ou 3 livres dans de très belles éditions.
RépondreSupprimerD'ailleurs moi il m'arrive d'aller à pied à la librairie du coin pour écouter gratos les réflexions d'un excellent traducteur. Sans blague.
RépondreSupprimer:)
Supprimer"Les affaires sont les affaires".
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=cPzg_Oq34kc
Bonjour, Le SELF (Syndicat des écrivains de langue française) vous demande de bien vouloir l'autoriser à publier un lien vers ce billet de blog sur son site et sa page Facebook.
RépondreSupprimerBien cordialement