samedi 23 septembre 2017

Gesticulations d'un jouisseur averti

L'automne est là, souviens-t'en, c'est l'éternité avec le soleil sur la plage abandonnée, alors remets du rimmel à tes cils et tant pis s'il fait un temps déraisonnable, tant pis si le ciel est bas, est lourd, s'il pèse comme un couvercle, le cou coupé, puisque la joie vient toujours après la peine, paraît-il, il paraît, le voici, le voilà, le rappel des livres chroniqués dans mon Feuilleton du Monde des Livres depuis le 25 août — tous ces titres sont encore en librairie, vous pouvez également les commander (ça empêche votre libraire de rouiller), bref, faites votre marché, et n'hésitez pas à me dire si vous êtes satisfaits ou très satisfaits (si vous êtes déçus par ces conseils de lecture, adressez vos plaintes à sainte Rita):

1/ Ben Lerner, La haine de la poésie, traduit de l’anglais (Etats-Unis), par Violaine Huisman, éditions Allia, 7€ — L’auteur de La haine de la poésie s’attache dans cet essai à répertorier les divers types de méfiances et d’aversions qui entachent la pratique du luth. Sa méthode, à la fois pédagogique (les exemples abondent) et sincère (il se répète un chouïa, mais c’est pour la bonne cause), est assez réjouissante.

2/ Grégoire Bouillier, Le Dossier M, livre 1, éditions Flammarion, 24,50€ – Bouillier, juge de Grégoire ? Possible. Mais un juge blessé, un Quichotte sans casque, heureusement doté d’un redoutable esprit d’escalier.

3/ Marie-Hélène Lafon, Nos vies,  éd. Buchet-Chastel, 15€ – La phrase piaffe et rue, animée d’une cadence versatile qui procède par d’infimes vertiges syntaxiques, une cadence dont il émane, pour reprendre une expression de la narratrice, « une grâce tenace ».

4/ Marie Berne, Le grand amour de la pieuvre, illustrations de François Ayroles, éd. L’Arbre Vengeur, 14 € – Un chant subtil, une ode sensuelle, où non seulement est dévidée une vie vouée aux visions voraces qui vivotent sous la vase (et vlan !) mais où la langue épouse les gesticulations d'une « jouisseuse avertie ».

5/ Mika Biermann, Roi., éd. Anarchasis, 17€ – Biermann s’avance en conteur mais opère en peintre. Il agite la toge, certes, mais c’est pour que ce taureau de lecteur entende, dans chaque grain de l’arène, le sang.

3 commentaires:

  1. Grégoire Bouillier / Prosper Bouillon...
    Coincidence ? I think not
    (si on me cherche je suis déjà sorti boire au PMU des conspiratés)

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  2. Ben Lerner ?? après « Leaving the Atocha Station ».Cela ne pouvait pas être trop mal. A la limite cela ne pouvait être que mieux, tant j’avais été surpris à la première lecture, comparé à ce qu’en disaient les critiques américains.

    Grégoire Bouillier .Rebuté par les deux autres tomes à s’enfiler quand ce pavé aura été digéré, si cela peut se faire. Et dire qu’il y a déjà « Jérusalem » pour lequel j’ai du mal à dépasser les 300 pages (mais ayant compris ou A Moore veut en venir, cela va mieux. Dire qu’il y a encore la moitié de « Agnus Regni » (2015, Dela Editions, 624 p.) qui attendent. Et après « L’Esthétisme d la Résistance » de Peter Weiss (2017, Klincksieck, 890 p.).

    En attendant 2 titres très bien de Richard Wagamese, un ojibwé canadien, qui me fait beaucoup penser à Jo Boyden « Le Chemin des Ames » (2006, Albin Michel, 391 p.). Dans « Indian Horse » traduit par Christine Raguet en « Jeu Blanc » (2017, Editions Zoé, 256 p.), il décrit la vie de Saul Indian Horse, jeune Ojibwé, élevé dans les traditions de son peuple qui devient célèbre par ses qualités de hockeyeur, sport national très populaire au Canada. Le cocktail « premières nations » et Hockey ne pouvait que marcher. Mais l’écriture est très belle, ce qui ne gâche rien, au contraire. Un premier livre de Richard Wagamese « Les Etoiles s’éteignent à l’aube », traduit par Christine Raguet (2016, Editions Zoé, 288 p.) est maintenant disponible en poche (2017, 10/18, 310 p.).

    Mika Biermann, pareil c’était sans grande surprise après « Palais à Volonté » (2024, P.O.L., 192 p.) et « Sangs » (2017, P.O.L., 160 p.), c’est tout de même chez P.O.L.

    Pour finir « Iles Flottantes » de Jean-Luc Cattacin (2017, Phébus, 176 p.) narre les aventures ( ??) d’un jeune homme, nommé on ne sait pourquoi Rouquin par son copain Ficelle. En compagnie de Rosalie sa vieille bicyclette, et d’une moto pétaradande. Un peu de fumette, un peu de drague (pas trop). Une surprenante planche gravée en Rongo-rongo, soi-disant venue de l’Ile dePâques, qui en principe devrait susciter l’intérêt du narrateur et d’une bibliothécaire, spécialiste de l’Ile. Un article dans « Transfuge » soulignait « le délicat mélange de Salinger et de Le Clézio », il devait être très délicat. Ou alors j’ai mal lu Le Clézio. A part quelques scènes de bains de mer ou de plages, l’ensemble ne m’a transporté ni sur les Iles, ni sur les traces des océaniens. L’intérêt du livre, pour moi, est qu’il ne fait que 176 pages (et a une pas trop moche couverture).

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  3. Un très grand MERCI Claro !

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