lundi 29 mai 2017

Disparition

Bernard Hœpffner, © J. Berny

On aimerait pouvoir dire de Bernard Hœpffner ce qu'avait dit Mark Twain en apprenant sa propre mort par un journal: "La nouvelle de ma mort est très exagérée" – anecdote qui ravissait Bernard. On aimerait ne pas croire à la disparition de ce baladin inspiré, ce templier de la traduction, l'imaginer ailleurs, ayant changé d'identité, voyageant sous un autre nom, se réinventant, ne traduisant plus que le vent et le soleil… Sa capacité de travail était titanesque, son enthousiasme radical, ses doutes fructueux. Les projets, il en portait comme un arbre des fruits au plus fort d'un interminable été, il n'y a qu'à aller voir sur son site, où tant de promesses brillent encore pour les années à venir. Le timbre si particulier de sa voix, qui était comme une musique un peu folle à suivre. Ses yeux aux scintillements mêlés, malice et étonnement, juste avant l'éclair du rire. Une poétique de la gourmandise. Une précision d'accordeur de piano. Une culture magnifique, une mémoire délicieusement feuilletée. Le grand motivateur. L'homme au million de feuillets. Non: au cent mille milliards. Chaque traduction exécutée avec l'attention d'un poème. Au fil d'or. Au sourire. Présent en des centaines de livres, comme une ombre portée. Nous laissant seul avec une foule de pages. Seul avec lui disséminé en chacune. 



6 commentaires:

  1. Un choix d'ouvrages pour découvrir ce traducteur ?

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    1. Page Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_H%C5%93pffner
      Son site Web : http://hoepffner.info/bhoepffner/index.html

      Monsieur les moteurs de recherche existent. Surtout, ne pas déranger Claro avant qu'il disparaisse lui aussi en laissant la traduction de Jerusalem inachevée.

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    2. C'est sûr que le M.D.R. existent mais on à d'autres choses à foutre, lire un bouquin par exemple !!

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  2. Un bel article ici : https://palimpsestes.revues.org/436

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  3. Quel bel hommage, digne de celui qui aimait tant les mots...

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  4. Vous étiez passés à Nantes il y a quelques années, toi et lui. Je me souviens de votre visite à ma librairie(Vent d'Ouest). Oui je me souviens et suis triste. Alain Girard-Daudon

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