jeudi 6 mars 2014

Possession immédiate

Avec son titre à la fois charnel et vaudou, cette nouvelle revue – Possession immédiate – tire en fait son nom d'une phrase de Rimbaud, extraite des Illuminations: "Les trouvailles et les termes non soupçonnés, possession immédiate." Initiée par John Jefferson Selve, cofondateur et ancien rédacteur en chef de revue Edwarda, elle partage ses fines pages d'un crème discret entre écrivains et photographes, avec pour escales sensibles ces trois régions de la perception : discerner, sentir, penser.
Côté écriture, on trouvera entre autres un texte de Jakuta Alikavazovic, qui, sous couvert d'aveu d'impuissance, d'abandon du roman, s'interroge sur la possibilité et la forme du livre en cours (l'auteur est en résidence romaine…), hanté par la figure du feu, la leçon de l'incendie. Mathieu Terence, quant à lui, revient sur les liens unissant Nietzsche à Sils Maria, et sur l'émergence de la notion d'éternel retour. Damien McDonald et JJ Selve s'entretiennent longuement avec Stuart Staples, l'homme des Tindersticks. Mehdi Belhaj Kacem se penche sur "la polytropie romanesque, post-bernhardienne" du grand écrivain hongrois László Krasznahorkai. Alban Lefranc s'enfonce dans "le besoin d'être dehors tout le temps, hors de mes murs en tout cas" et cherche la pensée dans les bars de Berlin. Yannick Haenel médite dans un avion sur le drame de Lampedusa ("Le sacrifice sans rite se nomme la tuerie; la fumée qui s'élève du bûcher ne s'adresse à personne")…

Côté photo, on trouvera Camille de Toledo et sa série "Nowhere Lands", lieux sans qualité "qui fondent une géographie flottante de l'identité"; Mickael Soyez; le détonnant Khalik Allah et son travail new-yorkais exclusivement nocturne; Nicolas Comment qui voit les femmes en transparence; Guillaume de Sardes…
Si vous voulez en savoir plus, il y a aussi un site. Vous pouvez acheter le premier numéro de cette revue en ligne ou dans les points de vente indiqués sur le site. La revue coûte 10 €. Vous auriez tort de vous gêner.

1 commentaire:

  1. Pour ce qui est de Jakuta Alikavazovic, c'est la traductice du bouquin de Ben Lerner "Au départ d'Atocha" (Ed Olivier), premier roman (après des poèmes) déjanté d'un Adam qui est en séjour poético-linguistique (ou pétardo-baisistique) en Espagne et qui se la joue (jusqu'aux évènement de la gare d'Atocha à Madrid).
    sur cette bonne intro, j'ai lu "Histoires contre nature" de la meme personne (JA), meme editeur (Ed Olivier) mais je dois dire que cela n'avait pas le meme souffle (c'est le cas pour ce qui s'est passé a Atocha)

    par contre pour ce qui est de Lazlo Krasznahorkai, lisez de toute urgence "Guerre et Guerre" (Cambourakis). un pavé (pas par les nombre de pages, 280, mais parce que c'est une écriture dense)
    une histoire un peu déjantée elle aussi (pas le meme train d'essieu qu'avant) d'un hongrois illumine qui part a NYC, qui revient ensuite en Europe et qui écrit (ou traduit)

    est ce la traduction qui génère ces comportements (ou l'inverse) ? Claro le con(/in)firmera
    mais au moins vous aurez lu des choses différentes et quelquefois intéressantes.

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