vendredi 31 janvier 2014

Bruits de langue: si tu vas à Poitiers

La troisième édition des Bruits de langues, appellation donnée aux rencontres internationales d’écrivains en hommage à Bernard Noël, aura lieu la semaine prochaine à Poitiers, sous la houlette de Martin Rass: quatre jours de rencontres et de dialogues entre auteurs et  lecteurs, mais aussi des lectures, des performances, des tables-rondes, des ateliers, et tous les jours à partir de 14 h à l’UFR des Lettres et des langues ainsi que dans différents lieux de l’Université et de la ville de Poitiers (Maison des étudiants, La librairie La belle aventure, le bar PlanB, La librairie Gibert).
Une occasion de rencontrer et d'entendre la toujours passionnante Ilma Rakusa sur le thème "écrire dans une autre langue" (le lundi à 14h), en tandem avec Andréas Becker (lire, par exemple, son perturbant Effroyable à La Différence). Il y aura aussi les éditions Chandeigne et l'Escampette (là encore pour s'interroger sur la traduction), l'écrivain en exil Kossi Efoui, Lydie Salvayre, Jean-Charles Masséra, Didier Daeninckx, etc. Le programme, vaste et excitant, est consultable en pdf ici.
En exergue au programme, ces deux phrases de Bernard Noël qu'on se fera un plaisir de recopier cinq cent fois:
« L’écriture de recherche [...] ne travaille pas à l’écart de l’ordre social dans lequel nous vivons. Au lieu de le contester par le témoignage ou la description, c’est-à-dire par le sujet, elle l’attaque au niveau de la langue. »
Bernard Noël, Le Sens la sensure, 1996
***
« Dans un temps où le langage est pourri par un pouvoir qui le dévalorise au service de ses intérêts, la poésie doit se fortifier d’une hostilité qui la veut inutile au lieu de faire semblant de célébrer ce qui n’existe plus. »
Bernard Noël, « Qu’est-ce que la poésie », dans L’Espace du poème, 1998

3 commentaires:

  1. Autrement dit...

    "Le langage marche au pas avec les bourreaux.
    Voilà pourquoi nous devrons chercher un autre langage."

    (T. Tranströmer)

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  2. Après avoir six cent fois recopié les deux citations (et ce n'est sûrement pas encore assez!), je me suis souvenu de quelques lignes tracées il y un bout de temps déjà, comme en écho à la seconde (et essentielle) citation de Bernard Noël:
    "Aucun paradoxe non plus dans le fait que «l’oeuvre pour l’oeuvre » (ceci est vrai pour la littérature plus encore que pour les autres formes de création), celle en apparence la plus éloignée des bruits et des fureurs du monde, la plus close sur son «autiste» secret, est en même temps celle qui est le plus difficilement récupérable et maculable par l’horreur marchande, celle qui en dribble le plus aisément les tentacules, celle en qui le Réel [*] trouve pour de vrai aliment, vigueur et résidence..."

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  3. Merci Claro, pour relayer cette chose par ton clavier cannibale, juste une petite réserve sur "sous la houlette".
    C'est vrai uniquement parce que je me trouve depuis un roulement interne projeté en "président" (successeur de Stéphane Bikialo, fondateur de la nouvelle formule et ami de Bernard Noël) de l'asso qui organise. C'est un vrai travail d'équipe et de plus en plus aussi avec les étudiants, ce qui est un bon signe - car avant ça a été plutôt pour les étudiants (plus ou moins captifs…) Didier Daenincks, c'était l'an dernier - par contre la semaine prochaine il y aura aussi Eric Bullot, Valérie Linder, Anne Leloup, Christophe Dabitch, Jean-Paul Goux, Edouard Lekston) témoignant que les écritures sont multiples (BD, essai, cinéma, illustration, etc.) - merci encore et si tu passes par Poitiers, les portes sont toujours grandes ouvertes
    Amicalement
    Martin

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