mardi 3 septembre 2013

Fabula rasa

Luisez, cartables! Taillez, crayons! Gommez, gommes! Oui, bon, le papier va bruire, l'octet chanter, le pilon pilonner. On a dû quitter, à regret, notre verte campagne, délaissez la table d'écriture (et celle, ô combien plus vaste, de ping-pong), ranger les chaises courtes et longues, rabattre les volets et couper l'eau. Fini les papillons blancs qui tournicotaient autour de la blanche balle de ping-pong, le petit bouvreuil qui trônait sur le mur en faisant d'étranges sauts, le pivert qui télégraphiait tête en bas sur l'érable, le chat qui marchait entre les mines des herbes! Adieu facteur, toi qui t'arrêtais tous les jours non chômés pour me serrer la main, même quand tu n'avais pas de facture à me refiler! Adieu boulangère sévère, qui garais ton camion devant mon mur, relevais bruyamment ton hayon et attendais que ma gueule enfarinée te soulage d'un pain ! Terminé la rosée, le rosé et les roses! (C'est pour l'assonance, hein, on n'est pas très rosé dans l'est…) Finito la balancelle conçue pour grincer! A la revoyure, petit atelier où l'acariâtre tronçonneuse voisine avec le symbolique tournevis! So long, murs interminables qui appeliez la longue et patiente caresse de l'enduit! A Paris il a fallu revenir, le parcmètre retrouver, le courrier éventrer. Et, fatalitas! le Clavier Cannibale remettre sur pattes.
Mais point bredouille ne sommes revenus! En effet, dimanche, le dernier jour, lors d'une ultime expédition dans un de ces vide-grenier que nous affectionnons tant, Dieu nous a souri. C'était comme un baroud d'honneur dans l'été finissant. On cherchait, quoi? on ne sait, sans doute la clé de la serendipity… Et puis, voilà qu'au détour d'un stand maigrelet, qui ne vendait que quelques santons de plastoc, une manette de game et des ronds de serviette en mousse, on est tombé sur cette perle rare, à l'approche de laquelle notre cœur a battu tel un lapin dans son clapier la patte. C'était inattendu, inespéré, unique. Et ça coûtait 20 centimes. Un simple puzzle, pour enfant titubant, fabriqué bien évidemment en Chine, un puzzle en douze ou quinze pièces, d'une simplicité presque effarante, mais qui, par son intitulé, s'est hissé illico aux insaisissables nues poétiques. Tremblez, frères humains qui   en même temps que nous vivez, car le temps de rêver est bien court et la fortune sourit aux audacieux. Ladies and gentlemen, je vous présente le puzzle de la condition humaine :




7 commentaires:

  1. Il y a une faute : ils ont un "è" à "livre".

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  2. Une condition humaine sous code barre...

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  3. diantre! A force de parler pétanque et ping pong il me vient l'envie de croiser l'acier ou le celluloid avec l'hôte nom de dieu!

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  4. Parce que la condition humaine est effectivement un puzzle.
    Content de vous savoir revenu.
    C.

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  5. Ah oui alors là, c'est vraiment réjouissant....

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  6. Reste à savoir ce qu'on écrit sur le panneau que tient le clou, houhouhou!
    Attention cailloux? J'ai mal aux genoux? Vous aimerez beaucoup?
    Merci pour le mot doux? Nous sommes ici, hihi?

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