lundi 7 janvier 2013

Le roman de la rentrée

Les livres: à quoi se résument-ils? Pour cela il convient de se rendre tout d'abord à l'Université de Brown, dans les années 80. Madeleine Hanna est l’intellectuelle par excellence, la jeune femme douée qui fait une thèse sur Jane Austen, George Eliot et la question du mariage dans le roman anglais prend le train de 06h41, départ Troyes, arrivée Paris. Bondé, comme tous les lundis matins. Cécile Duffaut, 47 ans, revient d’un week-end épuisant chez ses parents. Elle a hâte de retrouver son mari, sa fille dans le 95, qui va de la place Clichy à la porte de Vanves, je me suis souvenue de ce qui m’avait enchaînée à Igor Lorrain. Non pas l’amour, ou n’importe lequel des noms qu’on donne au sentiment, paralysée par son propre génie, asociable, trop originale et trop angoissée pour la petite ville où elle a atterri, Bernadette se sent de plus en plus enfermée. Alors elle fuit Seattle et ses mères de Victor aime Véra, mais Véra, elle, aime Nigel, lui-même, marié avec Violette, dans ce chassé-croisé amoureux où la jalousie des uns tente de contrer le bonheur des autres, se dessine un conte moral où j’ai longtemps laissé croire que ma mère était encore en vie. Je m’évertue désormais à rétablir la vérité dans l’espoir de me départir de ce mensonge qui ne m’aura permis jusqu’alors que de compter jusqu'à huit héros nés d'une malédiction et parés des huit vertus cardinales du confucianisme. Le grand classique du roman d'aventures japonais, revisité par un auteur contemporain, gardienne et témoin de l’histoire familiale – une histoire de femmes, de sœurs, de mères –, Blanche va en retisser tous les fils pour tenter de réparer le lien brisé avec sa propre fille, Violette se rend à Londres, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Lady Sophia Garfield rêve de devenir une belle espionne. Ne pouvant cependant passer son temps à démasquer des ennemis, Sophia exerce son sens patriotique dans le monde de Jessica s’effondre le jour où son mari, Alexandre Leroy, mathématicien franco-américain de renommée internationale, se tire une balle dans la tête. Comment a-t-il pu la trahir aussi lâchement pendant trois secondes. Quand il entend le bruit d’un tir au canon, Ismet sait qu’il a exactement trois secondes pour se mettre à l’abri. Et à 18 ans, cela fait longtemps qu’il sait reconnaître le bruit des warriors sont prêts à faire la guerre. Ils sentent la faille s’ouvrir en eux comme s’ils étaient violés. Tuer devient le seul acte qu’ils désirent accomplir ! J’essaie de vider mon esprit de la maison familiale au Maroc, lieu de l’enfance et des souvenirs, elle n’y passait plus que des vacances quand Rosa l’a quittée il y a vingt ans, pour faire un beau mariage en métropole, au milieu des années quand les uns ont des difficultés dans leur couple, les autres ont décidé de risquer leur vie pour bousculer la politique d'un Etat. Le narrateur vient squatter chez une copine dont il a les clefs mais une Afrique en crise d’identité, hantée par les mirages du modèle occidental. Des villes-capharnaüms dévorées par une urbanisation effrénée. Pour quelques francs CFA on peut acheter un enfant la veille du 1er mai 2013, deux hommes et une femme circulent dans les rues de Paris et de sa proche banlieue : un syndicaliste au bord du suicide, un sapeur congolais chauffeur de camion-poubelle et une jeune romancière reçoit une lettre lui reprochant de s'être moquée, dans son dernier livre, des charmes de la vie coloniale, et surtout d'avoir masqué les vrais drames qui s'étaient déroulés trente ans avant de subir une énième augmentation mammaire, Lolo est contrainte par le chirurgien de se rendre chez un psy pour qu’il autorise ou non cette intervention. Au cours de trente-trois séances fictives, habituée à manier la fiction et à dominer le réel, une romancière part travailler en Italie sans imaginer que des accidents vont venir bouleverser le cours de son existence et l’obliger à s’interroger depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui pendant que Sidónio Rosa est tombé éperdument amoureux de Deolinda, une jeune Mozambicaine, au cours d’un congrès médical à Lisbonne, ils se sont aimés puis elle est repartie chez elle. Il part à la recherche d'un tueur à gages. Un métier que Calum MacLean, tout juste vingt-neuf ans, prend très au sérieux. Ce qui fait de lui un pro, c’est son perfectionnisme. Une préparation prudente et minutieuse est essentielle pour la lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute maintenant que j’accompagne leur dernière nuit, je me sens travaillé de remords pour mes reproches, mes irritations, mes duretés. Si j’avais su, je me serais efforcé d’adoucir simplement leur fin, du coup j’ai loué la chambre d’Oscar Wilde, à l’Hôtel, rue des Beaux-Arts. Tu ne vas pas m’y laisser dormir seule ? J’avais vu la robe noire, le collier d’odalisque, le trenchcoat, ces boucles blondes, l’été n’en finissait pas de détremper les corps. Je rêvais souvent que je frappais un homme il y a vingt ans, la sœur d’Hadrien Verneuil est morte. Et toute la famille a fait semblant, quand Paul-Armand, bourgeois traditionnel en apparence, voit son existence marquée du sceau terrible de la laideur. Toute sa vie, il tentera de se forger une personnalité qui n’est pas la sienne. Tour à tour attraper un chat noir dans l'obscurité de la nuit est, dit-on, la chose la plus difficile qui soit. Surtout s'il n'y en a pas. Je veux dire : surtout s'il n'y a pas de chat dans la nuit où l'on chercher, comment fait-on à 18, 30, 40 ou 50 ans, pour changer le cours de sa vie insatisfaisante, et conquérir l’apaisement, peut-être même le bonheur et l’amour ? Avec grande maîtrise, l’auteur nous entraîne dans le Jardin du Luxembourg. Un homme s’adresse à une femme qu’il s’apprête à rejoindre : il lui raconte l’histoire des mythiques chaises du Jardin, lui parle de La Nausée de Sartre, fait un détour même si ça n’a pas démarré tout de suite. Notre histoire d’amour a suivi un cours peu ordinaire. Si elle a culminé dans le bruit et la fureur de la passion, elle a débuté dans le calme et la tendresse, car cela fait cinq ans que Derdâ, originaire d'Anatolie, vendue et mariée de force à un islamiste, vit prisonnière au douzième étage d'un immeuble de Londres. Elle refuse d'être une victime et devient l'icône du corps de Teddy, le jeune fils de l'écrivain voyageur George Gates, qui a été repêché dans la rivière. Le meurtrier ravisseur n'a jamais été retrouvé pendant qu'un père et une mère parlent de leur fille : Alexandrine, seize ans. Ce pourrait être une conversation normale, mais Alexandrine ne l’est pas et il se peut que le couple parental ne l’ait jamais été et il lui vint une étrange idée : n’était-ce pas une chance, finalement, que le hasard les ait fait se rencontrer. Peu importait les circonstances, peu importait qu’ils soient tous les deux embarqués après la mort de mon père, j'ai trouvé en rangeant ses papiers des documents sur sa grand-mère dont j'ignorais tout et qui révélaient un secret de famille. Je ne me suis jamais intéressée aux ancêtres ni aux trois trentenaires turinois se retrouvent embarqués dans un voyage improbable du nord au sud de l’Italie, rois vies, trois destins, liés par des secrets de famille enfouis au plus profond de la forêt norvégienne, et une malédiction qui frappe trois générations. Wilhem, un jardinier norvégien venu briser le masque que le mépris a scellé sur son visage. Aimer cette femme dont tant d’hommes n’ont su que convoiter le corps et envier chaque année, Maurizio passe les vacances d’été chez ses grands-parents à Crabas, un village sarde. En compagnie de Giulio et de Franco Spanu, il y goûte l’amitié et la vie de la communauté qui en ces lieux secrets, lieux uniques, les maisons que nous avons aimées, puis perdues, ne cessent de hanter nos rêves. Que nous disent-elles ? Et se pourrait-il que le murmure de ces lieux de mémoire, si personnels qu'il se revoyait maintenant le rasoir dans la main droite, revenir près du lit où elle reposait. Et le mouvement précis, sûr et net avec lequel il l’avait égorgée. Où avait-il appris un tel geste ? Au commencement, il y a un jardinier. Et à l’arrivée, un monstre vert, feuillu. Entre les deux, une métamorphose qui entraîne une cavale d’un an et demi à travers la France et l’Europe. Quand un bambou dans La Montée des cendres, tout monte et tout descend. Il pleut sur Paris. Il pleut tous les jours. L’eau descend des nuages qui alourdissent le ciel. Du coup, la Seine monte. Elle croît, comme chaque hiver que Tal, la beauté féline, le corps souple, chat magnifique, fut l’amour de son maître. C’est une histoire peu commune et c’est aussi un questionnement troublant sur la part animale présente en chacun quand il pousse la porte et les remarque tout de suite. Deux silhouettes de dos, un garçon et une fille accoudés sous la rampe de lumière baignant le comptoir. Chaque soir, il retourne surprendre leur conversation, mariée à 16 ans et violée le lendemain de ses noces par un ivrogne ayant le double de son âge, le destin de la jeune Rosa, paysanne normande du début du XXe siècle, semblait tout tracé : subir et se taire. Quoi de plus terrible que d’être invité au mariage de la seule fille qui ait jamais compté pour soi ? Comment ne pas regretter d’avoir compris trop tard qu’on l’aimait ; de ne pas avoir su la garder entre New York et Dubaï, trois puissants financiers et un écrivain transparent crochètent le destin de la jeune et ambitieuse Emma Kim, la narratrice, grandit dans le sud de la France, au bord de la mer – qu’on voit danser de temps en temps dans ce roman. Elle est entourée d’adultes immatures, cruels et déraisonnables : affligée par Il Pondre qui vient passer des vacances en Californie, chez son vieil ami Larsen, ancien taulard exilé. Larsen passe son temps à la déchetterie, à l'affût de moteurs et de ferraille pour satisfaire son goût. Dans ce récit intime, la narratrice se tutoie et, par la même occasion, tutoie le lecteur. Elle nous met à sa place, devant l'évidence de notre propre trouble identitaire. C'est à nous qu'est reproché une série de morts au sein de l'Église qui font craindre une menace d'attentat contre le pape à la veille de sa visite au Portugal sur l'ex porte-avion russe transformé en casino flottant venu croiser au large...

[Montage des résumés de romans paraissant en cette rentrée littéraire. Source: http://fr.feedbooks.com/list/7792/la-rentrée-littéraire-de-janvier-2013]

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