vendredi 20 avril 2012

Renaud Camus, à un détail près

Ah, Renaud Camus, que de crimes tu promets en ton nom!
Tu viens  de rallier le Front de la Marine. Le journal Le Monde, dans sa grande générosité, t'a demandé de s'exprimer sur les raisons de ce rabibochage. Tu es écrivain, parais-tu, mais comme c'est curieux, dès que tu parles, tu redeviens un piteux pantin de la langue et tu dis des choses si calamiteuses qu'on croirait ton encre tout entière composée de mucosités.
Tu nous expliques d'abord que ton échec à être candidat signe avant tout "ton" échec à toi, celui de tes "capacités politiques" (mouahhaha), avant d'ajouter que ledit échec est surtout "dû au manque d'ouverture des élus". Bon, c'est ton échec mais tu veux bien le partager, c'est gentil de ta part. Parce que les élus sont "contrôlés par les grands partis". Et aussi à cause de tes mauvaises relations avec les médias. Ah oui, c'est vrai, tu nous avais pourtant expliqué qu'il y avait une sur-représentation des journalistes juifs à France-Culture. Mais bon, ne revenons pas sur ce "détail". 
Même si, finalement, tout ça reste une affaire de détail. Eh oui, car tu aurais bien adhéré à la pseudo idéologie lepéniste depuis des lustres s'il n'y avait eu la casserole du détail qui collait aux basques du hargneux chef borgne. Tu as ta dignité. Tant que ce dérapage persistait, pas question d'aboyer avec le grand méchant loup. Parce que "beaucoup de Français, dont je suis, ne pouvaient pas voter pour lui, à cause du 'détail' et de quelques autres particularités mal savoureuses." Des particularités mal savoureuses? Comme c'est joliment dit.
Mais tout ça, c'est fini. Avec Marine, les particularités seront goûtues ou ne seront pas. Elle. Ne. Dérapera. Pas. (En fait, si, elle dérape en permanence, mais tu ne dois y voir que des généralités bien savoureuses.) Donc, une "impossibilité funeste est levée", comme tu le dis si pathétiquement. C'est intéressant. Un peu comme s'il y avait eu un vice inhérent à la machine raciste du FN et que là, hop, c'est réparé, on peut y aller. Une affaire de langage, donc – ta spécialité, a priori. Toi qui, comme ton parti riquiqui, est :
"attaché à la culture et à la civilisation françaises, qu'il estime compter parmi les plus précieuses qu'ait élaborée l'humanité dans son long effort pour mettre sur pied un pacte de vie commune ménageant à la fois la liberté, la dignité, l'élévation spirituelle et le bonheur du plus grand nombre."
On aimerait soumettre l'analyse de cette phrase éminemment lourdingue aux futurs bacheliers.
Vous essaierez de dégager la pertinence de cette obsession majeure des années 2012: le concept de civilisation française, en le mettant éventuellement en rapport avec la mort du dernier Maya et la fin du monde.
Vous analyserez l'imagerie derrière l'expression "mettre sur pied un pacte".
Vous tenterez de percer le mystère ici du verbe "ménager" sans trop vous moquer de son usage et de sa polysémie.
Mais le plus important, Renaud Camus, tu le gardes pour la fin. Car tu as réussi à obtenir de Marine qu'elle s'accorde avec toi sur un point capital: la défense de la langue. Vaste programme. Sur lequel assurément Marine ne cesse de s'exprimer, tant la culture l'excite. La défense de la langue!!!! La langue française, hein, une fois repoussée en dehors des eaux territoriales toutes les scories linguistico-migrantes. Genre: Vous êtes bien gentils, mais notre langue ne peut plus vous accueillir, alors allez parler ailleurs. Et le fait est que Marine s'en sort plutôt bien de ce côté-là, en tout cas à tes oreilles, puisque, à l'inverse de papa, elle défend à sa langue de s'empêtrer dans des "impossibilités funestes" et de se saborder par des "particularités mal savoureuses".
Tu oublies juste un petit détail : même débarrassée de sa "mauvaise saveur", l'infâme et fausse pensée continuera toujours de puer.


5 commentaires:

  1. on ne saurait mieux dire.

    sinon, on imaginerait presque cet âne bâté, au coin du feu avec richard millet, à ressasser le rance... hé bé !

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  2. J'aimerais apporter quelques précisions, ce serait prétentieux de dire comme un pélérin et déjà je ne me prétends pas être écrivain, j'ai écris beaucoup de textes poétiques il y a des années, je me dirige vers des formes de fiction qui comme mon premier ouvrage (écrit en 2003) n'empruntent pas un schéma narratif digne de films hollywodiens, j'aime comme vous travailler la langue même si je pense qu'elle s'incarne différemment en fonction de mes projets, que cela soit des histoires pour enfants ou de la scénarisation de bande dessinée. En ce qui concerne la politique j'aurais du crier pleurer m'arracher les cheveux moi Marine? On est bien loin de mes idées. Je pense qu'un de mes projets pourrait être abordé lors de notre rencontre si cela n'était pas trop impétueux de ma part, je n'ai pas trop l'habitude de partager vraiment mes écrits mais vous pourriez avoir un regard cassant spirituel et généreux + intéressant. Je pensais ce projet écrit politique mais j'ai du m'égarer en citant pour rire de mauvais auteurs, j'ai un humour difficile à cerner je crois pour la majorité on me prend pour du premier degré incarné. C'est con à pleurer et oui je n'ai plus le courage de prendre beaucoup d'armes. fourbue mourue pas mais fatiguée seulement. On va se reprendre. Oui. C'est déjà un grand plaisir d'échanger avec vous. Merci à vous, ce serait dommage d'être prise pour une pomme puisque telle n'était pas mon intention. Même si l'intention n'était pas tout à fait claire ni définie je dois dire non plus, l'un de mes adages est "qui vivra verra". Borgne comme vous dites ou aveugle ça repose souvent c'est pratique même si ce n'est pas souhaitable en cette période.

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  3. writ il y eut un temps21 avril 2012 à 16:11

    ouais. C'est bien gentil Claro, mais vous nous pondez là logorrhée et injure, jouant les commissaires politiques aux côtés des autres minables de la meute. Vous ne montrez qu'une chose, c'est que vous n'avez pas lu Renaud Camus. Vous ne savez pas ce qu'il dit, d'où il parle, et d'ailleurs vous vous en foutez.

    d'où cet enfilage d'assertions et d'associations totalement crétine (vous avez failli gagner un point Godwin d'ailleurs, encore un effort).

    Je ne vous dis pas que vous devriez être d'accord avec Renaud Camus: mais que si vous voulez parler de ce qu'il dit, encore conviendrait-il que vous en ayez connaissance et que vous partiez du réel. Encore faudrait-il que vous ne tronquiez pas le sens des citations. Et que peut-être vous ayez quelque chose à dire sur le sujet.

    Non ?

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  4. Quel texte courageux, presque aussi bien que du Bourmeau ou du Kapriélian.
    RC ne vous empêchera plus de dormir, ouf!

    http://www.lexpress.fr/culture/livre/renaud-camus-prive-d-editeur-pour-avoir-soutenu-marine-le-pen_1106743.html

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  5. L'auteur de l'articulet n'a sans doute jamais rien lu de Renaud Camus et c'est heureux, car il y trouverait tant de sujets d'indignation pour son petit esprit qu'il redoublerait d'ardeur pour nous accabler de ses pauvres saillies. On pardonnera volontiers à tous les Claro de la terre de douter de l'existence de la civilisation française. Cela ne les concerne pas. Dans le monde du Bien qui est le leur, la notion de civilisation est caduque depuis longtemps (il lui préfèrent la notion d'idéologie). Mais de grâce qu'ils ne cherchent pas à faire des phrases. C'est trop pitié que de lire de pareilles bêtises dans une langue aussi vilaine.

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