mardi 18 janvier 2011

Gros plant sur Joyau


Aujourd'hui, nous allons apprendre à traduire. Nous commencerons par la grande poésie millénariste, et pour ce fer [sic], nous partirons d'une livre de prose sollersienne, soustraite à Trésors d'amour, écurie Gallilmard:

« On vit donc à Venise, Minna et moi, à l'écart. On ne sort pas, on ne voit personne, l'eau, les livres, les oiseaux, les arbres, les bateaux, les cloches, le silence, la musique, on est d'accord sur tout ça. Jamais assez de temps encore, encore. Tard dans la nuit, une grande marche vers la gare maritime, et retour, quand tout dort. Je me lève tôt, soleil sur la gauche, et voilà du temps, encore, et encore du temps. On se tait beaucoup, preuve qu'on s'entend.
Les amoureux sont seuls au monde parce que le monde est fait pour eux et par eux. L'amour est cellulaire dans les tourbillons du hasard, et ces deux-là avaient une chance sur quelques milliards de se rencontrer à la même époque. Entre le français et l'italien, il y a une longue et bizarre histoire. Elle ne demande, avec Stendhal, qu'à s'approfondir.»


Toute traduction est, hélas 3 x, tradition. Ce qui nous donne, multiplié par un facteur de mauvaise mais bonne foi:

« On vit donc à Bagnolet, Minna et moi, à l'écart. On ne sort pas, on ne voit personne, les rues les bars, les supermarchés, les poubelles, les bus, les flics, le silence, la télé, on est d'accord sur tout ça. Jamais assez de temps encore, encore. Tard dans la nuit, une grande marche vers la gare du RER, et retour, quand tout dort. Je me lève tôt, calendrier PTT sur la gauche, et voilà du temps, encore, et encore du temps. On se tait beaucoup, preuve qu'on s'entend.
Les salariés sont seuls au monde parce que le monde est fait pour eux et par eux. Le salaire est cellulaire dans les tourbillons du hasard, et ces deux-là avaient une chance sur quelques milliards de se pacser à la même époque. Entre le franc et l'euro, il y a une longue et bizarre histoire. Elle ne demande, avec la vanité, qu'à s'approfondir. »

On n'est pas obligé de colorier tout de suite.

1 commentaire:

  1. Ah! les récits d'amour germanopratins de Philippe Salers! C'est beau(vain) comme du VGE période XO.

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